Des phares dans la nuit

Vous ne pouvez imaginer comment cette lumière vive déchirant l’obscurité nous rassure, disait, en 2002, Vladimir, 46 ans.
Comme pour lui, l’arrivée du Bus de Nuit a toujours été un soulagement pour la centaine de Sans-papiers sans-abris qui, quotidiennement, guette son arrivée.

En 2002
Nochlechka, à cette époque n’était que l’embryon de l’ONG que nous connaissons aujourd’hui.
En cette année, la Russie est dans un isolement international relatif, la guerre sanglante de Tchétchénie s’y poursuit.
La forte activité économique n’a cependant pas encore effacé les séquelles de la terrible dépression que le pays a connue entre 1992 et 1998. Plus de 13% de la population vit sous le seuil de la pauvreté.
Parmi eux, des centaines de milliers de Sans-papiers-sans-abris, des hommes, des femmes et des enfants crèvent littéralement de faim.

20 ans à sauver des vies
Face à ce terrible constat, Nochlechka décide qu’il faut leur apporter des vivres.
Se met en place toute une entraide où divers restaurants acceptent de cuisiner des soupes, de préparer du thé, où un couvent est d’accord d’enfourner des pains.
Une camionnette bleu foncé passablement brimbalante débute la maraude.

Le Bus de Nuit est né en ce mois de janvier 2002.
Elle sera suivie par un deuxième véhicule tout aussi vétuste mais suffisamment vaillant pour remplir sa mission, soulager les sans-logis de Saint-Pétersbourg.
Leurs parcours les amène dans les quartiers Nord et Sud de la ville.
Depuis, le secours apporté à ces oubliés de l’Etat s’est enrichi.
Deux fois par semaine, des soins de premières urgences sont prodigués, les repas sont plus consistants, il y a même, parfois, des desserts, des fruits.

Que de péripéties
Tout début 2009, Nochlechka tire la sonnette d’alarme, les fonds viennent à manquer. Il va falloir peut-être arrêter une des deux tournées.
Grâce à la solidarité, cette brusque interruption est évitée permettant ainsi à des centaines de personnes à ne pas se retrouver sans rien dans l’estomac.
En avril 2010, l’un des deux Bus subit une panne très sévère et coûteuse à réparer.
Voilà ce que nous écrivait Andreï Chapaev, responsable de la distribution de vivres à l’époque :
Les camionnettes tournent sans arrêt, la mécanique est usée. Jusqu’à présent, on trouvait assez vite de quoi payer les réparations, surtout grâce aux dons privés.
Cette fois-ci, la panne est beaucoup plus importante. Ce soir, l’autobus ne partira pas en tournée dans les quartiers Nord.
Une seule solution s’impose, supprimer l’un des deux Bus, concentrer les rares ressources économiques sur une maraude seulement.
Mais combien de temps va-t-il tenir, se demandait Andreï ?

Des milliers de kilomètres
Au mois de mai 2011 c’est un Bus tout neuf qui remplace, enfin, le vieux véhicule. Il n’en pouvait plus d’être rafistolé. De multiples pannes, plus grave les unes que les autres, des réparations toujours plus coûteuses représentent un gouffre financier.
Impossible de continuer à aider les Sans-papiers sans-abris à perte. Cette maraude met en périple Nochlechka en son entier.
Le Bus nouveau, acheté avec le soutien de centaines de personnes et aussi celui du chanteur populaire, Boris Grebenchtchikov, entame sa mission humanitaire.
Depuis, un 4em véhicule l’a remplacé.
C’est qu’un Bus de Nuit en avale des kilomètres, des milliers par année et connaissant l’état de certaines artères pétersbourgeoises, tout spécialement en hiver où la neige, la glace, la boue, le sel attaquent sans coup férir la carrosserie, où les distances immenses de la ville fatiguent les moteurs, aussi intrépide soit le véhicule, l’usure le guette imparablement.

Soutenons le Bus de Nuit
Sous le régime de Vladimir Poutine on a le ventre creux résume Nadège rencontrée lors de cette distribution de vivre.
Une fois le loyer et les nombreux frais médicaux acquittés, ma faible pension ne me permet pas de me nourrir décemment.
S’il n’y avait pas ce Bus, je me demande bien ce que je ferai. Mendier certainement, mais par ici qui va donner, tout le monde à faim souligne Nadège.

Face à cette réalité, face à l’hiver meurtrier, nous aimerions en faire tellement plus, mais nous sommes toujours à la limite de nos moyens financiers.

Aidez-nous à les aider tout au long de la saison hivernale.
Offrez des repas chauds. 500 roubles soit 6.10 CHF par personne.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site est protégé par reCAPTCHA et le GooglePolitique de confidentialité etConditions d'utilisation appliquer.