La peur, inutile de le nier nous l’avons tous face à l’hiver, nous dit Andreï, sans-papier, sans-abris depuis longtemps.
Nous l’avons rencontré dans l’une des tentes de Nochlechka. Dehors le thermomètre affiche moins 13°.
Avec le froid, personne ne sait ce qui l’attend, poursuit Andreï, un jour on marche sur nos deux jambes et le lendemain on a été amputé ou carrément on n’est plus là. Pour éviter les traîtrises du froid il faut bouger, marcher, surtout ne pas s’immobiliser.

Rappelons que l’hiver à Saint-Pétersbourg est particulièrement malsain, l’humidité qui y règne rend les basses températures encore plus nocives. De plus, pour les sans-abris dénués d’identité, il est très difficile de trouver un refuge autres que les trois tentes montées par Nochlechka.

Marcher pour ne pas mourir
Et pourtant malgré tous mes efforts, cela a failli m’arriver. Epuisé de marcher, je m’étais endormi dans l’encoignure d’une porte cochère. Mes orteils ont gelé. Par chance en les frictionnant vigoureusement et longuement, j’ai pu les sauver. Maintenant je fais très attention.
Les vêtements chauds je les trouve ici dans ce refuge, cette tente qui nous accueille chaque nuit. Ou encore à l’Armée du Salut. Là-bas on y dégotte parfois d’épaisses chaussettes. Le problème majeur ce sont les chaussures, rarement elles sont à la bonne taille.
Il y a bien le souk de Sennaya Ploshchad où il arrive qu’un marchand de chaussures jette des godasses. Inouï, j’en ai même dégotées avec des semelles isolantes.

Trouver un refuge chauffé
En hivers, en journée on peut se réfugier au Mc Donald ou encore au Burger King, nous explique encore Andreï. Ils sont assez tolérants avec nous tant que nous ne prenons pas la place des clients et que nous savons être discrets à tout point de vue. A la fin de l’après-midi, je recommence ma marche en direction de la tente de Nochlechka là où je peux, non seulement dormir, mais recevoir un repas chaud et survivre.

Vous aussi protégez-les de la mort blanche, soutenez les Tentes de la Survie.