
Avoir un travail, un horaire, sont des objectifs fondamentaux pour la réinsertion des sans-papiers sans-abris. Depuis de nombreuses années, Nochlechka s’emploie à les aider à y arriver.
Une longue quête
De la rue à une place de travail, le chemin est fastidieux. Il demande bien de la patience. Notre but premier est de remettre le sans-abri sur pied, le requinquer, nous explique Lera, assistante sociale au Centre d’Accueil de Moscou.
Dans le même temps, nos avocats se démènent pour que nos réfugiés de la rue puissent retrouver une identité administrative. Une étape évidemment fondamentale.
Dans ce parcours du combattant, nous leur offrons la possibilité d’apprendre les béabas d’un nouveau métier en suivant une formation de reconversion professionnelle. Elle est organisée par des établissements d’enseignement et des organisations qui nous sont proches. Elle dure en moyenne 2 à 3 mois.
Ils y apprennent aussi la manière de se comporter lors d’un entretien d’embauche. Là, également, cela demande de la patience. Les mois passés dans la rue ont, la plupart du temps, effacer toute civilité. Leur survie était à ce prix.
Le bistrot
Au mois de mars 2022, Nochlechka s’est lancée dans l’aventure d’ouvrir un café restaurant afin que quelques-uns de ses protégés puissent apprendre les métiers de bouche. Un projet plein d’espoir qui s’est cassé les dents par la faute de l’invasion en Ukraine. Le manque de clientèle sonna le glas de l’expérience. Lire Un bistrot particulier Un café pas comme les autres
Les petites annonces
En moyenne, mensuellement, 70 personnes de chez nous demandent de l’aide pour dénicher un emploi, soit 4 à 6 par jour, explique encore Lera.
Nous publions 15 à 20 demandes d’emploi par semaine sur un forum spécialisé où nous trouvons aussi une longue liste d’offres de travail. Pour nos protégés au profil professionnel bien particulier, on y déniche des postes à pourvoir à temps partiel et à temps plein, en alternance, en résidence.
Les plus accessibles sont les métiers manuels demandant des gros bras, tels des magasiniers, des déménageurs, des places sur des chantiers ou encore des agents d’entretien.
Certaines de ces offres sont de pures escroqueries, des camps de travail dissimulés, mais peuvent cacher aussi des employeurs malhonnêtes qui ne verseront aucun salaire. Il faut être extrêmement vigilant.
Contrairement aux stéréotypes, les sans-papiers sans-abris veulent travailler. Ils savent que c’est indispensable pour retrouver un quotidien lambda. Si leur santé physique et mentale le leur permet, cela s’entend.
Des profils singuliers
Actuellement, Nochlechka se prépare à assister aux salons de l’emploi. Ils se tiendront le 15 août à Saint-Pétersbourg et le 20 août à Moscou.
Etre présent à ces manifestations, nous permet d’expliquer aux entrepreneurs le profil spécifique de nos candidats, de leur présenter le cadre dans lequel nos protégés pourraient travailler : “un emploi avec hébergement, rémunération journalière et hebdomadaire, sans expérience, sans justificatif d’emploi antérieur”.
Notre assistance à ces deux rassemblements est bien évidemment essentielle tant les entrepreneurs sont au départ, dubitatif, suspicieux, quant à engager une personne fraichement sortie de la rue.
Pour Nochlechka, l’important aussi, est de vérifier que le possible employeur propose un emploi sûr et humain. Que le job présenté ne soit pas un de ces miroirs aux alouettes, un camp de travail forcé, conclut Lera.
En 2024, 199 rescapés de la rue ont pu trouver un travail, 10 ont reçu une formation de travail.
Notre tâche est immense, aidez-nous à ce qu’ils retrouvent espoir.
Important : malgré les embuches du boycott, nous arrivons toujours à transférer votre appui financier.