Nuages noirs

Depuis quelques semaines des menaces de plus en plus fréquentes pèsent sur les citoyens russes sans-papiers sans-abris: les expédier dans des camps de travail.
La plus récente, celle du Conseil public de la Fédération de Russie.
Son but : légaliser les maisons de travail en guise de réinsertion sociale.

Esclavage, chair à canon ?
Ces projets ne sont pas nouveaux et reviennent de temps à autres. Il y a quinze jours, les propos du maire de Iakoutsk, Evgueny Grigoriev allaient dans le même sens. Il aimerait enfermer les sans-abris dans des camps. Lire l’article
Aujourd’hui,  soudainement, l’idée de mettre les sans-abris en un lieu fermé semble s’accélérer.

Pourquoi ?
Actuellement, on pourrait croire que le pouvoir à d’autres préoccupations bien plus importantes. De plus, il est notoire que l’Etat russe s’est toujours désintéressé de ses concitoyens sans-papiers sans-abris.
Pour Daria Baibakova, directrice de Nochlechka Moscou, cette volonté de vouloir enfermer les sans-papiers sans-abris serait d’avoir de la main d’œuvre à très bon marché.
Pour une autre source, ce désir de parquer les sans-abris serait de les envoyer sur le front en guise de chair à canon.
A ce sujet, il y avait déjà eu des tentatives de “recrutements” forcés à l’Abri de Nuit de Saint-Pétersbourg.

Quelles sont les cibles ?
Selon le Conseil public de la Fédération de Russie, les concernés sont définis comme suit : …les citoyens de la Fédération de Russie, les citoyens étrangers, les apatrides, ceux qui ont perdu leurs liens sociaux, professionnels et (ou) familiaux, ceux qui vivent effectivement dans la rue, dans des lieux publics, dans d’autres conditions dangereuses pour leur vie et leur santé, les vagabonds menant une vie asociale contraire à la dignité humaine et aux bonnes mœurs, ceux qui ne sont pas enregistrés au lieu de résidence ou de séjour, ou ne résident pas au lieu d’enregistrement en tant que tel à la suite de la destruction de leur domicile, d’une fraude ou d’une combinaison d’autres circonstances.

Comme on peut le lire, le catalogue est étoffé offrant d’infinies discriminations.
Si cette initiative devait être appliqué, elle permettrait une vaste chasse aux citoyens “non conforme”.

Piétinement des droits humains
Le projet législatif est des plus précis: pourraient collaborer à ce vaste ratissage, les citoyens concernés, la police, les militants sociaux actifs, et quiconque qui est invité à identifier des sans-abris.
Dès que l’asocial a été identifié, il est suggéré qu’il convient d’appeler le 112, la police viendra dans les 20 minutes, l’emmènera au poste et prendra ses empreintes digitales.
Après cette étape et l’identification de chaque personne valide, la personne incriminée sera transférée dans une maison de travail où il sera engagé dans un travail physique pénible et privé de ses droits pour se loger et se nourrir. Aucun emploi officiel, aucune conformité au code du travail ne sont exigés.

Formellement, le texte permet à une personne incriminée de refuser.
Mais qui aurait la possibilité de contester parmi cet échantillonnage humain ?

Effarant
Cette initiative étatique se prêterait à tant d’interprétations, tant de délations. Elle ouvrirait la porte aux abus de toute sorte, aux exactions les plus criminelles, à l’arbitraire le plus total.
Daria Baibakova escompte que la réaction publique soulevée par cette initiative permettra de la freiner.
Espérons-le, tout en connaissant le niveau de la liberté de parole en Russie.
Daria ajoute : est-ce que maintenant notre travail principal sera d’empêcher la propagation de l’obscurité ?
Je crois qu’en préservant le bien et en ne permettant pas ce mal, on trouvera quand même l’indispensable énergie nécessaire pour s’occuper quotidiennement de nos sans-abris.

Car bien évidemment ce projet, aussi extrémiste soit-il, ne modifiera en rien les causes du sans-abrisme en Russie.

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