Personne ne devrait avoir froid, faim et mal, tel est le leitmotiv qui accompagne LizaYukheneva lors de ses maraudes hospitalières.
LizaYukheneva est infirmière et bénévole pour Charity Hospital.
Nous la retrouvons lors d’une tournée du Bus de Nuit.
Des craintes infondées
Elle raconte : Avant de me retrouver sur le terrain, j’étais pleine de préjugés, est-ce que je pourrais les approcher, leurs odeurs ne risquent-elles pas de me bloquer, ne vont-ils pas m’agresser ?
Evidemment ces craintes étaient des plus infondées et maintenant, une fois par semaine, je prodigue des soins à celles et ceux qui en ont tant besoin, entre autres, je teste les gens pour le VIH, la syphilis, les hépatites B et C.
Un engagement régulier
J’aime me préparer pour cette expédition, et bien évidemment satisfaire mon côté altruiste, réconforter et soutenir les gens qui vivent des moments difficiles. J’aime aussi assister le médecin, faciliter son travail et appartenir à une équipe efficace.
Malgré le fait que le volontariat soit toujours un choix, je crois qu’une certaine régularité est très importante. Pour que cela se produise, vous avez besoin de responsabilité, d’idéologie, de maturité, de miséricorde et d’un certain équilibre psychique. Il en faut beaucoup.
Je vais vous narrer l’un des moments qui, à ce jour, m’a marqué le plus.
Amputation ou pas ?
Nous étions en automne 2020, et comme souvent, une pluie froide accompagnait la nuit précoce.
L’homme, ou plutôt le tout jeune homme, s’assied sur la banquette du Bus et nous dit “mes pieds sont gelés“.
Nous enlevons ses chaussettes, ses doigts de pieds ont triste allure, ils sont tout boursouflés, violets. Le médecin dit que le cas est grave et qu’il a certains doutes quant à la possibilité d’éviter l’amputation.
On essaie quand même de conjurer cet extrême.
Vous imaginez un sans-papiers sans-abri privé de ses pieds, c’est la mort à brève échéance qui l’attend.
Un onguent, un pansement imperméable et, avec insistance, nous lui expliquons à quel point changer régulièrement et fréquemment les pansements est important dans son cas.
Nous lui en donnons suffisamment en réserve.
Un petit miracle
Une semaine plus tard, oh étonnement, le jeune homme est là à nous attendre.
Une joie sincère et non dissimulée m’échappe, car ses pieds sont secs, ils guérissent. C’était incroyable, à la fois le fait que ses pieds resteront entiers et sains, mais surtout, que cette personne ait pris ses responsabilités, se panser régulièrement pour sauver ses pieds sachant dans quelles conditions déplorables les sans-abris survivent.
Des bénévoles éclectiques
Liza Yukhneva, n’est pas seulement infirmière à temps plein, bénévole la nuit, elle est aussi critique d’art, créatrice d’un appartement-musée et artisane en restauration d’œuvres d’art.
Comme elle, les bénévoles qui accompagnent le Bus de Nuit, qui œuvrent à l’Abri de Nuit et au Centre d’Accueil ont de multiples activités, ce qui ne les empêche nullement de consacrer leur énergie à venir en aide à ces citoyennes et ces citoyens abandonnés par l’administration russe.
Sans elles, sans eux, sans leur bénévolat, les multiples tâches de Charity Hospital, de Nochlechka seraient tout simplement impossibles.
Comme eux, aidez-nous à donner de l’humanité aux sans-papiers sans-abris.
A Moscou, à Saint-Pétersbourg ils sont plusieurs dizaines de milliers à secourir.