Survivre à l’hiver

C’est vrai, même si dormir dehors est encore supportable, nous préférons bien évidemment être à l’abri des intempéries et surtout de cette humidité ambiante, si typique de la saison explique Pavel, un sans-papier sans-abris dans la quarantaine, le visage déjà bien usé par tant de mois à la rue.
Bien avant 20h00, une file, d’hommes, de femmes, se forme devant la Tente de la Survie.
En cet mi-octobre, notre refuge chauffé de Ploschad Muzhestva est déjà très demandé alors qu’il vient d’ouvrir ses portes.

Le rituel
Dès la tente ouverte, une fois chaque personne inscrite, un certain va et vient s’installe.
Quelques-uns, à peine ayant déposé leur barda sur le tapis de sol qui leur sert de sommier, ressortent pour en fumer une. D’autres, épuisés par une journée à errer, se sont affalés sur leur couche.
Cependant, tous attendent le repas chaud apporté plus tard dans la soirée par le Bus de Nuit.
Et ce soir, des bénévoles médicaux seront là pour ausculter l’assemblée.
Comme toujours, un moment très important permettant de détecter d’éventuelles maladies.

Retrouvailles
Anya Malinina, coordinatrice des Tentes de la Survie est présente. Elle vérifie que tout se passe bien en ces premières nuits d’accueil.
Anya raconte que l’autre soir, elle rentrait chez elle en trolleybus, il était tard.
À côté de moi se trouve un homme qui ressemble à un travailleur acharné, ordinaire, fatigué. Et je le reconnais.
C’est Igor.
L’hiver dernier, sur la même ligne de transport, je le croise pour la première fois. Nous étions en décembre, un froid à pierre fendre gelait la ville.
Igor semblait effrayé, perdu. A l’approche de la contrôleuse, Igor commence à marmonner et je comprends qu’il n’a pas de quoi payer. Je lui acquitte sa course et lui demande s’il a un endroit où dormir.
Il bredouille qu’il travaillait sur un chantier, y créchait mais s’était fait expulser sans recevoir son salaire, et que depuis, il dort dans la rue et se réchauffe dans les bus.
Je lui ai indiqué l’adresse de la Tente de la Survie la plus proche.

Vous m’avez sauvé
Igor a passé ses nuits dans l’une de nos deux Tentes de la Survie.
Cet abri lui a permis, non seulement, de retrouver des forces et une santé qui déclinait, mais aussi un travail avec l’aide de notre service social.
L’autre soir Igor n’a pas craint l’arrivée de la contrôleuse. Tout sourire, il a insisté de me payer mon trajet, remerciant avec effusion Nochlechka de lui avoir donné une chance de vivre, ajoute Anya Malinina.

Comme Igor, l’hiver dernier, nos deux Tentes de la Survie ont protégé 1’431 personnes.

Malgré les difficultés financières dues à la guerre, nous mettons tout en œuvre pour préserver du froid, des femmes, des hommes, et parfois des enfants.

Plus que jamais, nous avons besoin de vous, de votre indispensable appui.
Aidez-nous à sauver des vies.

Important : malgré les embuches du boycott, nous arrivons toujours à transférer notre appui financier, plus indispensable que jamais.

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