La galère

003_IKV_Dmitrij-006-1280x853Dmitri Kourlapov est un bon exemple de ces sinistrés de l’administration russe.
Après la mort de sa mère, Dimitri a essayé d’échanger le logement familial pour un plus petit appartement, il se fait roulé et se retrouve à la rue avec en prime un passage par la case prison pour vol.
Libéré depuis peu Dmitri Kourlapov trouve espoir chez Nochlezhka, il nous raconte sa galère.

La mort de maman
Je m’appelle Dmitri, j’ai 44 ans, j’ai été libéré le 27 août 2015, j’avais pris le mauvais chemin, j’ai volé, on m’a condamné à un an et demi. Je suis originaire de Moscou où je vivais avec ma mère qui est décédée pendant que j’étais au service militaire, je n’ai pas d’autres parents, et à 22 ans je me suis retrouvé complètement démoralisé.
Le pire ce fut quand maman est morte, en fait, je ne me suis, peut être, jamais remis. Peut être que l’on ne peut pas l’oublier jusqu’à la fin.
Apres avoir perdu mon appartement, je ne vivais pas dans la rue, les gens m’aidaient à trouver du boulot. J’avais un bon copain qui vivait à Pétersbourg. J’y venais souvent pour des matches de foot.

Je suis en paix maintenant, contrairement aux années 90, c’étaient des années violentes.
Je ne bois plus, je ne saurais pas dire si je suis un alcoolique, mais tous mes problèmes ont eu lieu après avoir bu. Pas souvent, juste 2-3 fois. Mais c’est la vie qui m’a appris à renoncer à l’alcool.

Libre mais sans papier
Après ma libération, je suis parti chez un copain à Viborg, mais il avait déménagé, et j’ai dépensé les 850 roubles (11.50 francs !) remis à ma sortie de prison.
J’ai du aller à Piter, (Saint-Pétersbourg) voir ce que je pouvais y  faire. Je n’avais plus d’argent, plus de papiers. (Il arrive qu’en Russie on prive les prisonniers de papiers d’identité)
Je me suis adressé à Nochlechka.
A la sortie de prison, tu as peur, tout de suite tu te mets à chercher des solutions. Mais quelles solutions ? Maintenant, je ne puis m’imaginer ce que je serais devenu sans le centre de Nochlezhka, où aurais-je pu aller sans propiska ?
Nochlechka m’a ouvert les yeux, le fait qu’il y ait des gens qui se sacrifient pour les autres, m’a fait comprendre beaucoup de choses d’0autant plus en ces temps difficiles.
J’apprécie les professionnels de Nochlezhka, qu’ils nous enseignent quelque chose : comment trouver du travail, comment écrire une demande d’emploi.

Cela, ça m’a sidéré. !
J’ai discuté avec une des assistantes sociales qui s’occupe de ça, j’ai beaucoup appris. Et ça m’a aidé même pour dénicher mon poste actuel. Ils m’ont vraiment aidé.
Je travaille aujourd’hui à l’usine Ijorskij à Kolpine. Je suis fraiseur, je sais faire pas mal de choses, la soudure par exemple.

Grâce à Nochlechka
La prison, c’est une sorte de maison commune. On te paye pour ton travail, mais  beaucoup moins que le prix minimal, juste assez pour te procurer le strict nécessaire. Je suis très content que ce soit terminé.
Mais ce n’est pas facile pour celui qui doit commencer une nouvelle vie, surtout sans papier.
J’ai profité des services juridiques de Nochlechka et aujourd’hui j’ai un passeport intérieur indiquant que je suis né à Moscou.

Moi, j’ai trouvé du travail tout de suite car j’ai la santé et je ne leur ais pas dit que je sortais de prison.
J’ai un bon chef. Il appartient à toute une dynastie. Ils engagent de vieux fraiseurs qui sont qualifiés et font du bon travail et gagnent leur vie. Il est bien le chef, j’aime son approche. Je ne me laisserai plus aller, tant que j’ai un boulot stable.
A Nochlechka, il y a même un prof de gym qui vient. Le logement c’est presque comme une auberge. On m’a aussi fait les vaccins, et j’en suis très reconnaissant, la dernière fois j’ai été vacciné à l’école.
Et, sans logement,  je ne peux pas me permettre de tomber malade.

Et puis il y a le foot
Je suis passionné de foot, je suis fan du « Spartak ».
De foot, je peux en parler pendant des heures. Je n’ai pas de famille mais j’ai une équipe préférée, s’ils gagnent, je suis heureux et je me sens apaisé. Ca me donne du courage, pendant ces quelques heures tu oublies tous tes problèmes. C’est le sport, les jeunes, une mentalité sportive, créatrice.
Pourquoi croyez-vous que les Grecs allaient aux Jeux Olympiques ?
J’aime le sport, les entrainements, le fitness, les barres parallèles. J’essaye de m’entrainer 3 fois par semaine. En plus du foot, j’aime Pétersbourg, tout est plus simple ici par rapport à Moscou.
Les salaires sont plus bas, mais ce n’est pas le plus important. Et puis l’architecture, chaque maison est un vrai musée.
J’aimerais bien visiter Peterhof.
Parlant de choses matérielles, j’apprécie les gens qui ne misent pas uniquement sur le salaire, que la personne ait d’autres buts importants dans la vie.

L’avenir ? Trouver un logement
J’ai quelques projets pour l’avenir. Pour le moment, j’aimerais épargner un peu d’argent, réunir un petit capital, ensuite, m’acheter en hypothèque une chambre en banlieue ou en ville.
J’aurais, peut être, aimé créer une famille mais les conditions ne s’y prêtaient pas. Ca viendra peut être.
Les réseaux sociaux m’aident aussi, tu communiques, tu te sens un être humain. On te demande « Comment ça va ? » – et tu te sens le cœur léger.

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