Pour fuir la pollution de sa ville, Rafael s’est retrouvé sans-abri à Saint-Pétersbourg.
C’était un soir de mars 2024, à Novotroitsk où j’ai grandi. J’ai été trouvé mon copain qui travaillait comme gardien de nuit dans un pharmacie. Tout alentour une brume rouge enveloppait les rues. Les passants se couvraient le visage. J’ai tout d’un coup réalisé que je ne pouvais plus rester dans un environnement si pollué, explique Rafael, rencontré à la bibliothèque du Centre d’Accueil de Nochlechka à Saint-Pétersbourg.
Novotroitsk la contaminée
Oui je suis parti car j’en avais marre de m’empoisonner à Novotroitsk, l’une des villes les plus défavorisées de Russie en termes socio-économique, poursuit Rafael.
Novotroitsk est une agglomération mono-industrielle située à trois cents kilomètres d’Orenbourg. Une partie importante de la population travaille dans des entreprises métallurgiques, l’état de l’environnement et de la sphère sociale laisse bien à désirer, c’est le moins que l’on puisse dire, ajoute Rafael.
Rafael étudie à l’université technique pour devenir électricien. Une offre à Saint-Pétersbourg pour gagner de l’argent dans un lave-auto l’encourage à s’exiler. Ni une, ni deux, profitant des vacances, Rafael plie bagage.
Le désenchantement
Une fois sur place, le travail se situe à Vsevolozhsk et non à Saint-Pétersbourg. Dès le départ, Rafael se sent floué. La paye qui devait tombé chaque fin de semaine commence très vite à se faire attendre. Après quinze jours sans recevoir son salaire, Rafael s’en va, grugé. Il rejoint la grande ville.
Il loue une piaule dans un auberge, travaille dans la restauration, trime pour une société d’électricité où il faut changer les ampoules dans des demeures élégantes où les plafonds planent à plus de trois mètres du sol. Rafael travaille aussi dans l’entreprise des tramways comme apprenti électricien.
Nous sommes au début de l’été, Rafael est au supermarché. Quand il veut payer ses courses, sa carte de débit est bloquée. Il se renseigne auprès de sa banque, un découvert de 600’000 roubles (5’000CHF) en est la cause.
Rafael tombe des nues, aucune idée d’où provient un tel passif. La banque n’en dit pas plus. Rafael n’a plus de quoi se nourrir, de quoi se loger. C’est la rue.
Un terrible apprentissage
Me voilà avec toutes mes affaires rangées dans deux sacs à dos arpentant les rues pour trouver un abri pour la nuit. Quelle angoisse de se retrouver pareillement démunis d’un moment à l’autre, dans un univers totalement inconnu, hostile. J’ai continué pendant deux jours à travailler pour les tramways, j’y trimbalais mes affaires car bien évidemment impossible de les laisser trainer à tout vent.
Au bout de 48 heures, j’ai arrêté, j’avais honte d’aller au travail sans pouvoir me laver. J’ai végété pendant près de deux semaines avant d’entendre parler de Nochlechka.
Rafael désespéré est venu immédiatement ici, explique Pavel Lyaks, responsable du travail social. Hélas nous n’avions plus de place pour l’accueillir et nous l’avons envoyé à Obukhovo où sont installées nos Douches pour Toutes et Tous.
J’y ai vécu le premier mois, c’était loin d’être idéal, pour le moins j’avais un toit et de quoi me laver. De plus, j’aidais les personnes à mobilité réduite et je participais à la distribution de vivre du Bus de Nuit, souligne Rafael.
Personne n’est à l’abri
Aujourd’hui, les juristes de Nochlechka ont pu régler ce problème bancaire dû à une fraude, une plainte a été déposée. Rafael a reçu un enregistrement provisoire, il va retrouver du travail à la compagnie des tramways et bientôt emménager dans une auberge. Rafael aimerait aussi suivre des cours par correspondance prodigués par l’université.
Je n’ai parlé à presque personne de ma dégringolade, surtout pas à ma mère avec qui je reste très souvent en contact.
Pourtant cela serait une bonne chose d’expliquer à tout un chacun que, pour un rien, en Russie, vous pouvez vous retrouver à la rue, démuni de tout, conclut Rafael.
Notre travail humanitaire est immense. Nous avons besoin de votre soutien, merci de nous aider à sauver des vies.
Important : malgré le boycott bancaire, notre aide financière se poursuit.