Premiers secours

Les sans-abris qui rejoignent nos Bus de Nuit très souvent ont besoin de soins. Multiples sont les causes, accidents, bagarres, maladies, leur survie est rythmée de chausse-trapes.
Notre équipe d’infirmiers et de médecins bénévoles est là pour prodiguer ces premiers secours, envoyer les sans-abris plus gravement touchés à un hôpital tout en sachant que, souvent, la personne souffrante n’y sera pas admise, faute de papiers d’identité, d’assurance maladie-accident.

L’eau impropre
Depuis plusieurs jours, de fortes fièvres ne quittent plus Andreï. Pour Pavel, l’infirmier qui nous accompagne ce soir, il s’agit probablement des symptômes d’empoisonnement. A force de s’abreuver à des sources non potables ce n’est guère surprenant. Beaucoup de personnes vivant dans la rue souffre de ces maux, explique Pavel.
Nos canaux, notre rivière, sont terriblement contaminés, et pour le sans-papiers sans-abris il est très difficile d’étancher sa soif dans un lieu public, son aspect déguenillé l’en empêche.
Vraiment je ne comprends pas, s’offusque Pavel, pourquoi à Saint-Pétersbourg, n’y aurait-il pas, pour le moins, de multiples fontaines, des points d’eau potable répartis dans les rues, les places, comme on en rencontre dans de très nombreuses villes touristiques de par le monde ?
Cela serait un plus et pour les touristes et pour nos sans-abris.

Etre rien, un paradoxe
Andreï a 41 ans, voilà plusieurs années qu’il survit sans papier. On se demande souvent, mais pourquoi le sans-papier ne réagit pas dès qu’il se retrouve indocumenté ?
Comme on le sait, une fois que le citoyen russe a perdu sa Propiska, il perd également tous ses droits, entre autres celui d’exister en tant qu’entité administrative.
On se dit toujours, moi à sa place j’aurais….
Mais, en Russie, cela n’est pas si simple de récupérer cette damnée Propiska et tous les droits qui lui sont inhérents.
Masha Muradova, notre assistance sociale, nous explique.

Multiples chausse-trappes
Non ce n’est pas simple du tout. Mettons de côté la corruption des fonctionnaires qui argumenteront qu’il leur est impossible d’enregistrer le vol de vos papiers d’identité si vous ne pouvez prouvez qui vous êtes…A moins que vous leur graissiez la patte. La même litanie corruptive se fera entendre dans bien des officines préposées à l’identité du citoyen.
Avant tout, l’obstacle le plus important est “simplement” la bureaucratie, adversité invisible mais considérable.
Par exemple, vous vous rendez au bureau ad hoc et on vous retorquera que votre demande a été inscrite sur un format papier trop grand ou que tout est écrit en majuscules ou encore que l’encre de la plume a dépassé les espaces à remplir du formulaire tant bien même que le dit espace est trop petit pour contenir votre nom en entier, sachant que si vous n’écrivez pas votre nom entier votre demande sera bien évidemment refusée.
De plus, bien de nos sans-abris, âgés ou pas, n’ont plus la main très ferme, il leur est presque impossible de remplir un dossier avec soin et avec une règle, comme à l’école, ce que le préposé peut exiger.
La liste d’absurdités est aussi longue que la rigidité cérébrale du fonctionnaire.

La rue, l’abandon
Face à tant de tracasseries, face aussi à l’absence de moyen financier pour payer les formulaires administratifs, très souvent, en effet, la personne a perdu ses papiers avec le portefeuille, l’argent, la carte de débit qui s’y trouvaient. Le sans-papier se trouve totalement démunis.
Et très vite, face à ces obstacles, face aux multiples adversités qui envahissent votre quotidien, plus de lieu où dormir faute de papier, plus de travail faute de papier, plus possible de retirer vos économies de la banque faute de papier, vous baissez les bras, vous vous enfoncez dans une dépression sans fond. Votre seul objectif est la survie, trouver de quoi ne pas mourir de faim, de soif.
Alors les papiers d’identité, on n’y pense plus, plus du tout, et les mois, les ans passent, explique encore Masha Muradova

Nos Centres d’Accueil, nos avocats, sont là pour que les sans-papiers puissent retrouver leur identité et une vie plus conforme.

Ils sont des centaines de milliers. Notre tâche est immense. Merci de nous aider à sauver des vies.

Important, malgré le boycott, nous arrivons quand même à transmettre notre appui financier à Nochlechka.

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