Pourquoi suis-je ici ?

En pleine obscurité, dans le froid, à des heures de retrouver son chez soi, le bénévole du Bus de Nuit parfois se pose cette question.
Le sans-abri, aux abords du Bus de Nuit, lui aussi se demande mais pourquoi suis-je ici ?

Des univers très éloignés les uns des autres réunis le temps d’un moment d’humanité

L’abnégation des bénévoles
Sans eux, sans leur dévouement, il serait impossible à Nochlechka de venir en aide aux milliers de sans-abris. Jeunes professionnels, étudiants, retraités, ils sont un rouage essentiel au bon fonctionnement de l’ONG tout particulièrement aux tournées du Bus de Nuit.
Le véhicule file dans la nuit, nous venons de quitter la rue Predportovaya pour l’arrêt suivant, celui de la gare Ligovo. En plus de Constantin, le chauffeur, trois volontaires ont enfilé la chaude veste matelassée de Nochlechka.
Pourquoi sont-ils ici, ils nous répondent.

Pavel programmateur : Chaque fois que je m’interroge sur ma présence en ces lieux inhospitaliers je me sens un peu gêné. Cette simple question est très complexe. Je suis devenu volontaire car j’avais besoin de la confirmation que je suis toujours une personne, que je ne suis pas très différent de ceux qui cherchent de l’aide auprès du Bus de Nuit. Je suis venu faire ce dont j’avais moi-même un besoin urgent : communiquer avec les autres sur un pied d’égalité, aider, sans juger, partager la chaleur humaine.

Soif d’ouverture
Connaître un autre univers, dépasser le cocon confortable des habitudes, tels sont les raisons d’Anna, traductrice :
Être là donne l’opportunité de m’échapper de mes habitudes quotidiennes et répétitives : chaque soir, de retour dans mon deux-pièces exigu, je m’installe confortablement sur mon canapé usé alors que la soupe mijote et qu’un bon morceau de jazz passe à la radio.
D’accord, il se trouve que ma vie n’est pas si mauvaise, et de quoi me plains-je ? Mais être bénévole me donne de regarder mon existence, et celles de mes amis, sous un angle différent.
Aujourd’hui, nous sommes tous enfermés dans nos mondes, nos réseaux sociaux, à la maison, au bureau, et le schéma se répète jour après jour.
Le Bus de Nuit, le bénévolat c’est différent, spécial. Et j’aime ça.

Un sans-abri est un homme
Pour Nadezhda, architecte, on retrouve ce besoin de dépasser son confort ambiant, d’aller vers l’autre qui en a besoin, qui n’a rien. :
Il se trouve que je me lasse des problèmes d’organisation. Bien de mes amis ne comprennent pas pourquoi j’ai besoin d’accompagner le Bus de Nuit. Je leur explique que j’aime savoir qu’il y a des endroits dans la ville où toute personne peut recevoir une assistance médicale, de la nourriture, survivre à la nuit.
J’aime que chaque sans-abri soit traité impartialement, que pour nous un sans-abri est un homme.
Voilà plus de deux ans que je suis présent. Il me semble que j’ai beaucoup changé, je suis plus compromis avec la société, moins autocentré.
J’ai rencontré des personnes sans-logis dont le comportement m’a profondément touché. J’ai cessé d’avoir peur de montrer des sentiments envers les autres, arrêté d’essayer de tout contrôler. J’aime ces changements, je veux les sauvegarder.

Une constance chez ces bénévoles, le besoin de donner, de dépasser les préjuger entachant les sans-papiers, de connaître l’autre, de découvrir que ces femmes, ces hommes ont de la valeur, comme nous.

Notre tâche est immense, aidez-nous, vous sauvez des vies.

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