Lena, Elena et Nina

Jamais je n’aurais rêvé d’un moment pareil s’exclame Elena les yeux brillant de joie.
Quitter la rue, apprivoiser d’inimaginées espérances, se projeter dans de nouveaux horizons, voilà les défis enthousiasmants que nos trois anciennes sans-papiers sans-abries affrontent aujourd’hui avec le sourire.

Les exilées
En ce début mai 2022, notre assistante sociale Pasha Lyax et la psychologue Katya Kaneva ont rendu visite à trois de nos anciennes résidentes de notre Centre d’Accueil. Lena, Elena et Nina.
Celles que les passants qualifiaient, il y a quelques semaines encore, de rebus et sanctionnaient cette sentence sans appelle d’un : “Elles l’ont bien choisi, elles ne veulent tout simplement pas travailler“.
Nos héroïnes du jour ont toute un parcours de vie bien différent si ce n’est ce lien qui les relie, l’absence de Propiska et ses terribles conséquences.

D’une banalité
Elena s’est retrouvée sans-abrie suite à un mariage raté, un mari violent.
J’ai pris quelques vêtements et je me suis enfuie, mon seul refuge fut la rue.
Lena, arrivait à Saint-Pétersbourg par le train à la recherche d’un travail. Elle a un coup de chaud à la gare Baltique, elle s’évanouit.
Quand je me suis réveillée, se rappelle-t-elle, entourée de gens, reprenant mes esprits, je remarque que mon sac à main a disparu.
Impossible d’enregistrer le vol je n’ai plus de papiers, je n’ai plus d’argent pour me retourner, je me retrouve à errer puis à survivre dans la rue.
Nina, elle, travaillait dans la grande distribution.
Mon magasin a fermé à cause du covid, du jour en lendemain. Malgré d’intenses recherches, je ne retrouve pas d’emploi, je ne peux plus payer mon logement, et c’est la rue.

Donner de l’espoir
Le Centre d’Accueil de la rue de Boroyava abrite un certain nombre de personnes qui suivent des cours de réhabilitation.
Leur donner une formation professionnelle, leur retrouver des papiers d’identité, leur permettre d’acquérir un logement, tel est le but nous explique Pasha Lyax.
Elle indique que la patience, la persévérance, l’abnégation, la volonté farouche sont des principes de base du travail de réhabilitation.
Katya Kaneva souligne que la survie du sans-papier provoque de telles séquelles qu’il n’est pas aisé de toutes les atténuer.
Face à ce constat, nous sommes toujours impatientes de prendre des nouvelles, en l’occurrence, de nos anciennes pensionnaires, savoir comment elles s’en sortent.
Ces visites font parties intégrantes de notre programme de retour à la vie autonome.

Etre comme nous
Aujourd’hui Lena, Elena et Nina ont trouvé, chacune d’entre elle, une chambre en location puis un emploi.
Les trois premiers mois, Nochlechka a payé les chambres, permettant ainsi à Lena, Elena et Nina, d’acquérir à nouveau cette diabolique Propiska et donc de chercher du travail. Ces trois femmes ont aussi réappris à organiser leur quotidien, à économiser de l’argent, à redevenir indépendante.
Dans toutes ces démarches de réinsertion, Nochlechka est à leur côté, les épaule, les soutient.
Lena travaille comme gardienne dans un complexe locatif résidentiel.
Elena a rejoint l’équipe de notre bistrot social “Entrée depuis la Rue” où elle y apprend le métier de cuistot.
Quant à Nina, elle œuvre comme femme de ménage et parfois aussi comme nounou.

Merci à toutes et à tous de parler de Nochlechka, de nos succès, de nous aider à poursuivre nos multiples entraides.

Le sans-abrisme n’a pas disparu le 24 février.
Merci infiniment de votre confiance, continuez à soutenir notre travail.
Il sauve de nombreuses vies.

Important : malgré les embuches du boycott, nous arrivons toujours à transférer notre appui financier, plus indispensable que jamais.

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