
Combien de fois avons-nous entendu ce refrain, toujours le même, stigmatisant le sans-abri, systématiquement ?
Les sans-abris sont des menteurs invétérés, prêts à tout pour recevoir une aumône généreuse. La plupart d’entre eux aiment simplement boire et ne rien faire. Ce ne sont que des bons à rien.
Eternelle litanie
Ce dénigrement provient d’une majorité de la population. Que ce soit en Europe ou en Russie. En Russie, où le sans-abrisme se distingue par son aspect politico-administratif.
Contrairement aux pays européens où l’enregistrement de sa résidence est un simple acte notifié aux autorités, en Russie l’enregistrement de sa résidence nécessite l’approbation des autorités correspondantes, afin d’obtenir la sacrée Propiska.
C’est une procédure longue, lourde, elle implique beaucoup de paperasses. Parfois des pots de vin.
En outre, pour recevoir un enregistrement de résidence permanente, il faut soit être propriétaire, soit avoir la permission du propriétaire. Avec tous les abus que cela peut engendrer.
En Russie, curieusement, les droits individuels ne sont pas attachés aux personnes mais à leur résidence. Et très souvent au lieu de leur naissance. Une ancienne loi datant des tsars.
Pas étonnant que face à ces règles contraignantes, le nombre de sans-papiers est très important en Russie et que des dizaines de milliers d’entre eux sont avant tout des apatrides dans leur propre pays.
Des millions
En 2023, Nochlechka a demandé à l’institut de sondage Validata de “compter” le nombre de sans-abris russes. Une enquête des plus complexes vu la frange sociale.
L’estimation : la Russie compterait 2’130’00 personnes à la rue. 238’000 à Moscou, 60’000 à Saint-Pétersbourg.
80% des sans-abris sont de nationalité russe, 74% avaient une profession, 44 % avaient un travail, 44% continuent de communiquer avec des proches, 40% ne sont pas alcoolo-toxicos, 25% ont connu la prison, 15% sont retraités, 9% sont diplômés avec enfants, 9% sont des orphelins.
L’invisibilité des femmes sans-abris, une préoccupation majeure pour Nochlechka
Le sans-abrisme touche autant les femmes que les hommes. Cependant, les femmes sont moins susceptibles à demander de l’aide, et donc les statistiques ne les prennent pas suffisamment en compte.
L’âge moyen du sans-abri est de 47 ans. En moyenne, le sans-abri survit six ans dans la rue et y meurt le plus souvent.
L’espérance de vie est de 6 ans pour les hommes et de 8 ans pour les femmes.
On considère qu’après avoir passé deux ans dans la rue, la réinsertion devint très délicate.
Prenez connaissance du dossier Principaux facteurs du sans-abrisme.
Aujourd’hui, on remarque une augmentation de ce dernier. Il est probable que cela soit dû à la guerre en Ukraine.
Etre sans-abri n’est pas un choix
Nochlechka, depuis de très nombreuses années, entreprend de multiples campagnes de publicités pour combattre la calomnie, vaincre les aprioris des citoyens russes. Le but, sensibiliser la population, lui montrer que l’on n’est pas sans-abri par choix mais trop souvent victime d’une décision administrative découlant de nombreux facteurs.
Lors d’événements particuliers, pâques, la chandeleur, noël, Nochlechka appelle les Moscovites, les Pétersbourgeois, à offrir la nourriture spécifique liée à ces occasions festives. Une façon pour que le grand public s’intéresse au sans-abrisme, dépasse les clichés. De même, les journées portes-ouvertes participent à cette pédagogie.
Notre tâche est immense, aidez-nous à donner plus d’humanité.
Important : malgré les embuches du boycott, nous arrivons toujours à transférer votre appui financier.