Peu importe les températures, à la fin avril les Tentes de la Survie ferment leur porte. Qu’il continue à geler, à neiger, les sans-abris doivent regagner l’inclémence de la rue.
Le contrat passé avec les divers propriétaires des terrains, privés ou publics, accueillant ces abris chauffés arrivent à leur terme. Et il est toujours des plus difficiles, pour ne pas dire impossible, de les prolonger pour quelques jours ou quelques semaines.
Pas de vraie logique derrière cette intransigeante, la date a été fixée, il faut la respecter
Un abri permanent
Fort de ce constat, à Saint-Pétersbourg, Nochlechka a créé, en juillet 2019, un refuge pérenne accueillant 38 personnes et un gardien.
Aujourd’hui c’est le tour de Moscou d’adopter semblable installation.
La directrice de Nochlezhka Moscou, Daria Baibakova, nous explique.
Chaque année, plus de 5’000 sans-abris meurent à Moscou. Ce n’est pas acceptable. Les gens décèdent, en partie, parce qu’il n’y a presque pas d’endroits accessibles dans la capitale où l’on pourrait passer la nuit au chaud et en sécurité.
Les refuges publics ne peuvent pas accueillir tous ceux qui souhaiteraient y séjourner, et ces espaces publics sont organisés de telle manière que les gens n’y viennent pas.
Nous sommes persuadés que personne ne doit mourir dans la rue. Nous sommes convaincus que les sans-papiers sans-abris ont besoin d’un endroit où dormir, où prendre une douche, où laver leurs habits, où recevoir un dîner chaud. Chaque personne dans la misère a le droit de recevoir l’aide qui lui sauvera sa vie.
C’est la mission de notre prochain Centre d’Accueil. Un tel lieu représente, pour beaucoup, le premier pas pour sortir du sans-abrisme et revenir à une vie plus normale.
Notre Abri de Nuit
Nous prévoyons de diviser l’espace en trois zones : pour les hommes, pour les femmes et pour les couples, poursuit Daria Baibakova. N’importe qui pourra venir passer la nuit, qu’il soit muni ou non de documents d’identité ou d’une inscription.
Les horaires d’ouverture seront les mêmes que notre Tente de la Survie, de 20h00 à 08h00. Le matin, le refuge sera fermé pour nettoyage et désinfection. Comme pour tous nos projets, nous surveillerons attentivement la sécurité et l’ordre à l’intérieur du refuge et aussi dans les environs.
Sur place, il y aura toujours un administrateur expérimenté. Beaucoup d’entre eux ont travaillé cet hiver à la Tente de la Survie et comprennent l’importance de se conformer strictement les règles internes.
Dans nos refuges, la consommation d’alcool et les comportements agressifs sont absolument interdits. Il sera permis de fumer uniquement dans une zone spécialement désignée.
Ne pas provoquer le voisinage
Fort des problèmes rencontrés par le Centre d’Accueil au début de son fonctionnement, Daria Baibakova insiste sur la discipline que devront suivre les sans-abris.
Nous demanderons aux réfugiés de la rue de respecter l’habitat des environs, ses habitants, de ne pas faire de bruit, de ne pas jeter de détritus, de ne pas venir à l’avance. Il est fondamental pour nous que chacun considère scrupuleusement les limites de chacun, d’éviter tout tension avec le quartier.
Notre futur Abri de Nuit sera un petit bâtiment modulaire pouvant accueillir 50 personnes. Il se situera temporairement dans le quartier de Begovoy sur un terrain inutilisé et vide. Nous allons le clôturer et un système de vidéosurveillance sera également installé. Une seule porte d’accès permettra de mieux contrôler l’environnement.
Un couple de très généreux donateurs, Alexandre et Ekaterina Prokhorov, a pris en charge le financement du lancement et de la première année du projet.
Nous remercions les personnes qui partagent nos valeurs et contribuent à faire de nos projets une réalité, conclut Daria Baibakova.
Des milliers de femmes, d’hommes sans-papiers sans-abris survivent dans la rue. Notre tâche est immense, aidez-nous à donner plus d’humanité.
Et l’hiver est toujours là.
Important : malgré les embuches du boycott, nous arrivons toujours à transférer votre appui financier.