Bien au chaud

Je survivais dans des toilettes publiques près d’un centre commercial, elles se trouvaient en sous-sol, j’avais les jambes gelées, je n’en pouvais plus, raconte Olga Nikolaevna, bien à la peine dans sa chaise roulante.

Depuis peu, Olga Nikolaevna a gagné Nochlechka Moscou, son Centre d’Accueil où elle espère pouvoir remonter la pente.

Une odeur de cuisine
Vous savez, poursuit Olga, ici on se sent bien, tout est accueillant même ces odeurs de repas qui se mélangent, entre la viande, le poisson et des crêpes.
Tout ce que vous avez ici c’est un lit, une commode et quelques étagères avec des numéros. Tu ne peux pas amener des amis, tu ne peux pas regarder un film le soir. Il n’y a pas de possibilité d’acheter de la nourriture en extérieur et de la stoker par ici.
Mais quel petit paradis, il y fait chaud, on peut se doucher, laver ses habits, en recevoir de nouveaux, se faire couper les cheveux.
Des assistantes sociales s’occupent de toi, t’aide à retrouver tes papiers d’identité, de programmer des visites médicales.

Etriqué
Alors qu’Olga nous conte par le détail l’ambiance du foyer ouvert en avril 2022, un sacré chambard dépasse la porte de la kitchenette.
Très certainement, qu’ils ronchonnent car ils doivent la nettoyer, poursuit en riant Olga Nikolaevna.

Masha Muradova, assistante sociale, nous explique le fonctionnement du lieu :
Il y a plusieurs mois que nous voulions qu’un espace de notre centre soit disponible pour les sans-papiers sans-abris, qu’ils puissent y passer la nuit, et plus longtemps si nécessaire, le temps que nous puissions les remettre sur les rails, à l’image de ce que fait Nochlechka à Saint-Pétersbourg.
Nous nous efforçons au maximum de rendre cet hébergement le plus confortable et le plus accueillant.
Mais l’espace est petit, à peine pour 8 personnes.
Les lits sont superposés avec des rideaux en guise de séparation.
Le matin, souvent, il y a une file d’attente devant les douches.

Le plus petit dénominateur commun
En semaine, il y a bien du mouvement, des rendez-vous médicaux, une recherche de travail, des convocations administratives, poursuit Masha Muradova.
Ces va-et-vient permettent que tout ce petit monde ne soient pas les uns sur les autres.
Les fins de semaines sont un peu plus difficiles à gérer mais nous y arrivons quand même. Certains regardent une série, d’autres lisent un bouquin ou encore tricotent.
L’assemblée est des plus variées, leur histoire qui les a amenés ici est très différente entre les-uns et les autres.
Un seul point en commun, leur sans-abrisme.

Un environnement plus sain
Le fait que le sans-papier sans-abri puisse habiter chez nous lui procure un encadrement propice à une réinsertion future, lui évite de continuer à fréquenter le milieu de la rue, lui permet d’imaginer un avenir possible.
La personne qui survit dans la rue perçoit notre monde extérieur, comme très effrayant.
En effet, le sans-abri est trop peu sûr de lui et il n’arrive pas à croire qu’il s’en sortira, qu’il ne se perdra pas dans notre univers normalisé.
En ce sens notre hébergement leur offre des paramètres rassurants, psychiquement gérables, conclut Masha Muradova.

Merci infiniment de votre confiance, continuez à soutenir notre travail.
Il sauve de très nombreuses vies.

Important : malgré les embuches du boycott, nous arrivons toujours à transférer notre appui financier, plus indispensable que jamais

 

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