Saint-Pétersbourg, 25 février 2016, 18h30, centre d’accueil de Nochlezhka.
Spartakus 2 ans et sa maman, tous deux sans papier, demandent de l’aide. Nous appellerons sa maman Irina, elle vient de sortir de prison où Spartakus est né.
Irina a appelé son fils Spartakus en l’honneur du Spartak ce club de football moscovite reconnu. Comme beaucoup de détenus libérés, Irina a quitté la prison démunie de tout papier.
Une manie du système pénitentiaire russe que de ne pas rendre aux anciens condamnés leur passeport intérieur dont la fameuse propiska dument tamponnée.
Spartakus n’existe tout simplement pas
Irina est donc venue à Nochlezhka pour demander au service juridique de l’appuyer dans la restitution du précieux sésame.
Le père de Spartakus a disparu depuis longtemps; de plus il n’a jamais reconnu sa progéniture. Et à l’instar de sa maman, Spartakus n’existe tout simplement pas aux yeux de l’administration pétersbourgeois.
Et sans reconnaissance administrative, impossible pour lui de se faire soigner, d’aller à l’école, d’exister.
Des conditions indignes
Une fois les formalités remplies avec le juriste bénévole de tournus, Nochlezhka décide de raccompagner Irina et Spartakus en voiture. L’ami qui les héberge habite loin.
Sur place, en gravissant les cinq étages, et malgré les 13 kilos du bambin endormi dans mes bras, je ne peux m’empêcher de penser que je porte un enfant qui n’existe pas.
Peut-être que plus tard, Spartakus s’inspira de son homonyme, l’esclave révolté.
Et à son tour notre Spartakus fédérera les sans-papiers russes afin qu’ils se rebellent contre les conditions indignes qui leur sont imposées par l’administration de ce pays.