21-12-13 Des camps pour les sans-papiers

Obliger les citoyens de seconde zone de retourner vers une vie normale par la force. Le projet du député russe Vitaly Milonow de créer, loin de toute agglomération, des camps de travail pour les sans-papiers, sans-abri fait des émules. Lire article machination milonow

 

En effet, alors que les visées de Milonow sont en attente à la Douma, le parlement russe, l’adjoint du chef du Département de la protection sociale de la population de Moscou, Andrei Beschtanjko, prépare un projet de loi fédérale « Sur la restriction du vagabondage, la protection sociale des sans-abri et la réhabilitation sociale des personnes pratiquant le vagabondage ».

 

La relégation pour les réfractaires

Les buts finaux de ce projet sont les mêmes : obliger dans un premier temps les sans-papiers, sans-abri de passer un examen médical obligatoire tous les 6 mois. En cas de détection d’une maladie infectieuse, le malade devrait subir un traitement. En cas de refus, il serait soigné de force, sur décision du tribunal. Le séjour dans les établissements sociaux spécialisés pourrait durer de 60 jours à 1 année. L’interné serait nourris-logés, pourrait recevoir de l’assistance psychologique et de l’aide afin de lutter contre la toxicomanie, et les assistants sociaux les aideraient à retrouver leurs proches et à récupérer leurs papiers.
Les sans-abri en bonne santé pourraient rester dans la rue jusqu’au contrôle suivant. Cependant, les sans-papiers, sans-abri venus des autres régions, seraient déportés. Le fonctionnaire n’a pas précisé ni où, ni comment ils seraient relégués.

 

Beschtanjko reconnait que ces centres, pour l’instant, n’existent pas encore et qu’ils ressembleront à des colonies de déportation. Leur installation nécessitera 3,5 milliards de roubles (95’000chf)  provenant des budgets régionaux et de celui de l’état fédéral.
Selon les auteurs du projet, la nouvelle loi permettra de diminuer de 90% le nombre des SDF à Moscou.  

 

Sans nul doute, car aux vues des conditions infrahumaines imposées aux sans-papiers, il est certain que la grande majeure partie d’entre eux présentent des cas cliniques permettant ainsi leur déportation.

 

Des colonies de déportation 

Aux dires du fonctionnaire Beschtanjko : « en règle générale, les « bomzh (clochards) sont habitués à la rue, et les assistants sociaux n’arrivent pas à les raisonner à revenir à une vie normale. Il faut, donc, chercher des moyens plus radicaux ».

 

Monsieur Beschtanjko oublie de préciser qu’en Russie des millions de citoyens sont privés de tout droit faute de papier d’identité, que ces citoyens de seconde zone ne peuvent trouver ni logement, ni travail officiel, ni accéder, sauf rares exceptions, aux soins d’urgences et que très vite ils deviennent des bomzh.

 

Face à cette nouvelle persécution, Nochlezhka a réagit. Son directeur, Grigori Sverdline,  nous informe que leur avocat  a analysé le projet de loi et a présenté un recours.
Le projet a reçu également de fortes critiques de la part des ONG qui travaillent avec les sans-abri et les enfants des rues. Et ce n’est pas un hasard car le document prévoit de limiter les droits et libertés desclochards. D’où la nécessité, pour le moins, de spécifier la notion même de « vagabondage », de définir le cadre juridique de l’utilisation de telles mesures forcées.

 

On en est là, alors que Vladimir Poutine, par quelques tours de passe-passe et de rares libérations de quelques opposants fortement médiatisées, fait tout pour convaincre l’extérieur que son régime respecte les droits de l’homme.