Le bénévolat dans le collimateur

Faut-il mettre sous tutelle les bénévoles ? Une question que se posent les plus hautes instances du gouvernement russe.

En effet, face à la croissance du volontariat dans ce pays, les dirigeants s’inquiètent de ne pouvoir contrôler ces citoyens prêts à donner de leur temps sans autre contrepartie que celle d’aider.
Pourtant les ONG, les associations non-lucratives, les organisations d’entraide sont déjà sous la surveillance de lois sévères et  restrictives.

Il n’y a rien à voir circuler
Un exemple frappant, les inondations du 9 juillet 2012 à Krymsk dans la région de  Krasnodar proche de la mer Noire.
Suite à cette catastrophe politico-climatique, de très nombreux bénévoles ont accouru pour secourir les sinistrés. Cependant de multiples barrières bureaucratiques les attendaient entravant de la sorte leur travail.
Etait-ce pour éviter qu’il y ait trop de témoins incontrôlables prêts à diffuser des informations sur cette tragédie que la population de Krimk incrimine aux autorités de la région? Ou simplement pour une meilleure coordination des secours ?
En tous les cas, c’est à partir de cet événement que le pouvoir russe s’est mis à élaborer une proposition de  législation sur le bénévolat. Son auteur : madame Daria Miloslavskaja, membre de la Chambre sociale de la Fédération de Russie.

Selon le juriste Karlinski de Saint-Pétersbourg : «…une telle loi  pourrait avoir des conséquences néfastes. En Russie les lois sont écrites par des juristes qui souvent ne connaissent pas la spécificité des activités sociales. De plus, les ONG ne sont pas appelées à participer à l’élaboration de cette future loi ».

Museler toute opposition
Réglementer le bénévolat reviendrait à diminuer le travail des ONG russes, entités qui très souvent se dressent contre les injustices de l’Etat.
Nochlezhka en est une avec son inlassable combat pour que le statut de la Propiska soit enfin abrogé.

Ces ONG, sans l’apport de volontaires, ne pourraient simplement pas exister.
Le Bus de Nuit de l’ONG pétersbourgeoise est un bon exemple. Il tourne grâce à la contribution des bénévoles. Ces derniers correspondent à un 90% du labeur exigé. On rencontre à Nochlezhka principalement des bénévoles étudiants, mais également des juristes, des médecins et des sociologues.

Les représentants des ONG russes déclarent: « le schéma de travail concernant le bénévolat existe déjà, et une telle loi n’est pas nécessaire, de plus elle pourrait contribuer à la création d’organisations pseudo-bénévoles « étatiques » dans le but de  pomper  des fonds étrangers au bénéfice de l’Etat ».

Cette dernière manifestation autocratique de l’Etat russe, montre une fois encore qu’il craint comme la peste la société civile, sa liberté de penser et sa souveraineté dans l’action.

Lisez aussi à ce sujet l’article paru le 12 décembre 2012 dans Thruth Dig de Ivo Mijnssen