Dès sa naissance, la vie d’un individu peut être des plus dramatiques.
C’est le cas de Lessia née il y a une trentaine d’année dans la petite ville de Borovitchi, non loin de Velikiy Novgorod, à 350 km de Saint-Pétersbourg.
Nous savons peu de chose du quotidien de Lessia, si ce n’est qu’assez rapidement le médecin du coin diagnostiqua chez le nouveau-né une légère démence et informa ses parents qu’avec cette maladie inutile d’espérer une rente invalidité de la part de l’Etat.
Sourde et muette, dans un foyer pour enfants handicapés, Lessia passe ses onze premières années vissée à une chaise roulante
Nous avons appris aussi que dès que son âge le lui permit, Lessia quitta le foyer familial fatiguée de devoir supporter, nuit et jour, sa mère ivrogne, épuisée d’endurer les coups répétitifs de sa génitrice qui n’acceptait pas cette enfant malade.
L’illusion d’exister
Il y a deux ans, on retrouve Lessia dans les rues de Saint-Pétersbourg, sans papier, sans propiska. L’hiver est terrible et elle trouve refuge dans la tente de survie de Nochlezhka. C’est là qu’elle rencontre un copain et le printemps venu ils se mettent en ménage, dénichent une masure en métal située dans un petit village des environs.
Dans ce contexte, l’assistante sociale de Nochlezhka, Masha Bondarenko, décide de réaliser un “roman-photo” filmé Fleur de Jardin. Par l’image Masha essaye de donner un visage à Lessia , à cette cruelle non-existence. Voir vidéo
La robe de mariée, le bébé en plastique, Lessia espérait qu’un jour cela ne soit pas qu’illusion.
Mais voilà, en Russie, sans papier, il n’y a pas de conte de fée possible.
Impossible de rester dans le logement, impossible de trouver un travail sans document administratif. Même le marché au noir ne propose rien à Lessia qui n’a suivit que quelques années d’école et qui, par la force des choses, n’a pas l’habitude de travailler.
Aujourd’hui Lessia est quelque part du côté de Moscou et aux dernières nouvelles elle dort sous un pont.