Nochlezhka parle

Russie, l’indifférence destructrice.
Du 16 mars au 2 avril 2015, l’ONU accueillit la session périodique internationale relative aux droits civils et politiques.

Cette année la Russie, parmi d’autres pays, fut invitée à montrer les éventuels progrès accomplis dans la défense des droits humains.
L’occasion de cette session permet de nous pencher sur le sort actuel des citoyens russes sans-papiers dans leur propre pays.

Un retour progressif aux modes soviétiques
Afin de savoir si l’Etat russe a quelque peu modifié son indifférence envers cette frange de la population, les responsables de Nochlezhka, Grigoy Svederdline et Andrei Chapaev, ont bien voulu répondre à nos questions

NSS: Lors de ces quatre dernières années écoulées, avez-vous remarqué des changements dans l’attitude des autorités russes, gouvernement, douma (parlement), concernant les personnes sans-abri?

Grigory Sverdline: Oui, ces dernières années ont été marquées par plusieurs initiatives parlementaires afin d’interner les sans-papiers dans des camps de travail, tel le projet de Vitaly Milonov.  Heureusement elles n’ont pas prospéré.

En fait, ce que nous remarquons est un retour progressif aux modes soviétiques quand il n’y avait ni sans-papier, ni sans-abris puisqu’ils étaient mis systématiquement en prison.

NSS: Est-ce que les oppositions politiques au gouvernement Poutine s’intéressent au problème de  l’enregistrement (propiska,)?

Grigoy Svederdline: Difficile à dire, car ces oppositions sont très disparates. Mais il y en a qui veulent sincèrement se débarrasser de la propiska et autres héritage soviétique. Tel le mouvement Vesna.

NSS: Pensez-vous que les autorités pétersbourgeoises soutiennent plus le travail de Nochlezhka aujourd’hui qu’il y a quatre ans?

Grigory Sverdline : Je dirai qu’en général le fossé entre la société civile et les autorités chaque année s’agrandit. Que ces autorités sont plus préoccupées de sauvegarder leurs privilèges que de s’occuper des problèmes sociaux.

Andrei Chapaev : C’est vrai, mais il faut tout de même constater qu’aujourd’hui les administrations locales  appuient mieux nos initiatives, telles les tentes de la survie ou le bus de nuit dont elles subventionnent 10% des frais.

NSS: Avez-vous noté des modifications dans l’attitude de la population pétersbourgeoise envers les sans-abri?

Andrei Chapaev : Oui l’attitude évolue lentement, nous enregistrons plus d’initiatives civiles qu’il y a trois ou quatre ans. Nochlezhka reçoit plus de vêtements, de nourriture et des dons en argent. Nous recueillons aussi plus de demandes pour le bénévolat.

La crise économique frappe Nochlezhka

NSS: Est-ce que la crise économique russe affecte les tâches de Nochlezhka?

Grigory Sverdline: Très certainement. Premièrement, Nochlezhka enregistre plus de sans-papiers, plus de sans-abri. Je crains une hausse de 30% dans les 2 ans qui suivent.

Deuxièmement, les dons diminuent et de nombreuses entreprises ont annulé leurs programmes de bienfaisance.

NSS: Récemment à Moscou un jeune couple a été arrêté après avoir tué entre sept et douze sans-abri afin de nettoyer les rues? Ce genre de « nettoyage » social a-t-il aussi lieu à Saint-Pétersbourg?

Grigory Sverdline: Malheureusement oui. Moscou n’est pas une exception, d’autres villes sont également frappées par ce phénomène.

NSS: Connaissant la complexité de l’enregistrement en Russie (propiska), quelle évolution voyez-vous pour ces dix prochaines années ?

Grigory Sverdline: Nous ne sommes pas en Europe, ici en Russie impossible de prévoir quoique ce soit.

Andrei Chapaev : Rien ne va changer.

NSS: Nochlezhka existe depuis plus de 25 ans, existera-t-elle encore dans dix ans ?

Andrei Chapaev : 25 ans déjà ! Espérons de grands changements positifs quant au sort des sans-papiers, sans-abri

Grigory Sverdline: J’espère que nous serons encore présents tant que le problème existera et pour l’instant nous avons divers projets que nous voulons instaurer, des douches pour les sans-abris, des centres d’accueils réservés aux femmes sans-abri, sans-papiers.