Tatiana illustre fort bien, malgré elle, le sort réservé à ceux qui perdent leur logement en Russie.
En 2013 son appartement est vendu à d’autres. Et la voilà sans propiska, sans logis, Tatiana de ce fait perd son travail et se retrouve à la rue.
Honte de soi
Tatiana, 45 ans, a bien essayé d’alerter la police, de défendre ses droits mais sans le sésame administratif de la propiska, ce fut peine perdue.
De plus, Tatiana avait honte de son statut de sans-logis, elle n’en a parlé à personne jusqu’au à ce jour de décembre 2017 où elle rencontre le Bus de Nuit, appris que Nochlechka pouvait l’aider.
Depuis, elle a trouvé refuge au centre d’accueil de l’ONG où les avocats se démènent pour lui retrouver une existence légale.
Il était une fois
Tout avait commencé il y a dix ans, Tatiana arrive à Saint-Pétersbourg pour y travailler comme secrétaire, avec son salaire elle achète un petit appartement.
Un jour, soudainement, les propriétaires de l’immeuble lui demandent de déguerpir, ils ont besoin du lieu pour un ami. Tatiana n’a pas le temps de se défendre, sa mère tombe gravement malade, elle la rejoint à Bouriatia pour la soigner.
A son retour dans la grande ville, Tatiana ne peut que constater, elle n’a plus de chez soi.
Les serrures de son appartement ont été changées et impossible de récupérer ses meubles, ses affaires.
Tatiana n’a plus rien
De suite elle va au commissariat le plus proche pour y déposer plainte, puis Tatiana écrit au service administratif en charge de ce genre de délit.
En vain. Son dossier s’égare dans les méandres administratifs. Tatiana n’a aucun papier officiel stipulant le vol dont elle a fait l’objet, impossible d’intenter un procès aux propriétaires véreux.
Et pas d’argent non plus pour payer les fonctionnaires afin qu’ils appliquent la loi.
Ne restait plus que l’errance
Ce fut terrible nous dit-elle, j’ai peine à comprendre comment j’ai pu survivre. De plus pour moi mendier était un acte contrenature, pourtant j’ai bien dû y passer. Je me rappelle d’une babouchka qui a eu pitié de moi, elle m’a offert deux sacs en plastiques pour que je puisse emballer mes chaussures, avoir moins froid, protéger mes pieds de l’humidité.
L’histoire de Tatiana, nous rappelle qu’aujourd’hui encore, à Saint-Pétersbourg, ils sont plus de soixante mille êtres humains à être rejetés par le système administratif. Soixante mille personnes à n’avoir aucun droit, à survivre dans des conditions exécrables.
Soutenons Nochlechka, sauvons des vies. Regardez le reportage qui lui est consacré.