Une vielle dame à la rue

Alena, handicapée, bientôt 75 ans, a longtemps galéré dans la rue. Pour les sans-papiers sans-abris âgés de Saint-Pétersbourg, l’accès à des centres de la sécurité sociale est une chimère.

Manque de preuves
Peu importe votre âge, votre état physique, si vous n’avez pas les papiers ad hoc inutile d’espérer un peu d’indulgence de la part des services administratifs, explique Katya Makarova, une de nos assistantes sociales.
Alena est un très bon exemple de cette absence d’empathie. Les centres de la sécurité sociale de l’État reconnaissent de moins en moins les personnes âgées et handicapées comme des ayants-droit à un hébergement dans les internats urbains.
Cette tendance s’est accentuée depuis le printemps.
La raison officielle du refus de s’occuper d’Alena était le “manque de fondement”. Une notion vague.
En effet, le Comité de politique sociale recommande de donner une réponse positive uniquement aux personnes inscrites de manière permanente à Saint-Pétersbourg. Alena a toujours vécu à Saint-Pétersbourg dont de très nombreuses années sans domicile fixe. Comment le prouver ?
De toutes les façons, il n’existe pas de réglementation officielle pour cette règle du “droit du sol”, le consentement dépend du bon vouloir du préposé, souligne Katya Makarova.

Un questionnaire vicieux
Pour la personne qui a retrouvé son identité, entre autres sa Propiska, et qui veut accéder au cercle fermé des éventuels bénéficiaires des prestations étatiques pour personnes âgées et handicapées, un certain nombre de questions vont lui être posées. Par exemple : Combien coûte un kilowatt d’électricité ?
Bien évidemment, s’offusque Katya Makarova, une personne qui a vécu dans la rue ne peut y répondre. Moi-même je serais bien incapable de vous dire le prix du kilowatt d’électricité, comme d’ailleurs un très grand nombre de Pétersbourgeois, les fonctionnaires inclus.
Evidemment, si vous ne pouvez répondre, la sentence est connue d’avance : vous n’êtes pas Pétersbourgeoise pure souche même si vous avez toujours vécue, survécue, dans cette ville. Absurde, poursuit Katya Makarova.

Une longue souffrance
Alena comptabilise plus de vingt ans d’itinérance. Pêle-mêle, un mari absent, de forts problèmes d’alcool, ses enfants très jeunes sont envoyés dans un orphelinat, divers passages hospitaliers, des accueils dans des communautés religieuses, des hébergements précaires chez des connaissances, des mois et des mois d’errance , une santé et un état physique déglingués.
Quand Alena est venue au Centre d’Accueil, fin août, amenée par le Bus de Nuit, elle faisait vraiment peine à voir, ajoute Katya Makarova.
Il nous a fallu bien du temps pour la remettent sur pied. Tout d’abord, nous sommes arrivés à la diriger vers un hôpital pour qu’ils la prennent en charge, la soignent. Nous, nous sommes occupés de l’aspect psychologique.
En octobre, une fois qu’Alena se sentit suffisamment retapée, elle a rejoint notre Centre d’Accueil pour personnes âgées.

La persévérance
Malgré le refus systématique et absurde des fonctionnaires, nos services juridiques et sociaux n’ont pas baissé les bras. Au contraire, ils ont bataillé ferme et aujourd’hui, enfin, Alena a pu gagner un internat spécialisé.
Alena a été reconnue Pétersbourgeoise permanente, tant bien même qu’elle ne connaît toujours pas le prix du kilowattheure.
C’est une petite victoire qui a préservé le droit d’une individue à être prise en charge par l’Etat quand les circonstances l’exigent comme le stipule la Constitution, conclut Katya Makarova

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