Un poupon apatride

Il s’appelle Sasha, il a deux mois, pèse 4,2 kilos, mesure 85 cm. Sasha est un poupon qui va bien. Et pourtant il n’a pas de papier d’identité, n’existe pas pour l’administration pétersbourgeoise, n’a pas droit aux soins prévus par la Constitution.

Inespéré
Vous vous rappelez, peut-être, au mois d’octobre dernier, nous vous avions parlé de ce couple, Natalya et Oleg, des sans-papiers. Natalya était enceinte. Grâce à la brigade de secouristes Charity Hospital, Natalya avait été prise en charge. Nochlechka de son côté leur avait délivré une carte d’identité maison en attendant que ses juristes permettent au couple de retrouver une identité administrative. Pour le logement et les moyens de subsistances, l’organisation la Croix de Malte s’en était occupé.
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L’autre jour, le 20 janvier, la météo était humide, nous avons croisé Natalya avec son Sasha emmitouflé dans un couffin bleu marine, la même couleur que le bonnet de laine de la maman.

Un bonheur paradoxal
En un flot continu et rapide de paroles, Natalya nous parle de sa nouvelle existence.
Pour l’instant, nous n’avons toujours pas de papiers officiels, cela prend beaucoup de temps. A cause de cela, je ne peux toujours pas apporter Sasha chez le pédiatre. Heureusement il y a les médecins de Charity Hospital. Je ne sais pas ce que nous ferions sans eux.
Même si notre quotidien est difficile, nous avons beaucoup de chance d’être ainsi entourés. Quand je pense à nos anciens compagnons d’infortunes qui ont si peu pour survivre, nous nous en sortons bien.
Nous avons un tout petit, petit appartement, Oleg a un travail, mal payé, mais un travail. Et puis il y a Sasha. Avec lui toutes nos inquiétudes s’envolent. Et pourtant bien de ces appréhensions sont le fruit de sa présence. C’est que sans-papier la vie est si difficile, avec un enfant je vous laisse imaginer…

Rappelons qu’en Russie, une famille sans-papier se trouve dans une situation très particulière : un enfant dont les parents sont sans enregistrement est lui aussi un sans-papier. De ce fait il ne peut être assuré. Gare s’il devait tomber malade ou s’accidenter. De plus, pas de soin gratuit, ni de visite médicale, pas de vaccination. L’accès à toute scolarisation lui est interdit.

Un futur incertain
Bien sûr, poursuit Natalya, pour l’instant nous pouvons compter sur bien des appuis charitables, mais pour combien de temps ? Et que se passerait-il si Oleg me quitte, s’il perd son travail, si nous perdons notre chambrette, qu’adviendrait-il de Sasha ?
Je sais, je suis bête de penser ainsi, pour l’instant tout est si beau. Mais vous savez quand vous avez dû exister dans la rue où votre quotidien est si hasardeux, jamais rien n’est acquis, toujours, tout le temps il faut se battre pour survivre. Et c’est un réflexe qui ne me quitte pas, qui explique ces pensées noires.

A Saint-Pétersbourg, plus de soixante mille personnes sans-papier sans-abris souffrent. Nous essayons d’en protéger un maximum.
Sans vous, sans vos appuis financiers, ces possibilités de sauver des gens ne seraient tout simplement pas possible, tant notre tâche est immense.

Soutenez-nous, vous sauvez des vies.

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