Se laver lorsque l’on survit dans la rue n’est vraiment pas évident.
Face à ce constat, Nochlechka et l’agence Endy lancent, en cette fin août 2024, une campagne de sensibilisation.
Adressée à la population pétersbourgeoise et moscovite, de très nombreux panneaux, affiches, autocollants, rappellent la cruelle réalité.
Etre propre sur soi est un luxe inaccessible pour des centaines et centaines de milliers de Russes.

Pluie ou douche ?
Certains esprits cyniques rétorqueront qu’il y a l’eau qui tombe du ciel pour s’adonner à quelques ablutions et puis aussi, en guise de lit, il y a le banc public et plutôt qu’un réfrigérateur consommateur d’électricité, quoi de mieux que les poubelles et ses aliments périmés.
Face à cet humour douteux, la réalité est tout autre, le fait de ne pouvoir se laver atteint directement la dignité de la personne.
Contre cette évidence et l’indifférente ignorance de la population, Nochlechka affirme haut et fort : l’hygiène doit être accessible à tous.

≠ Douche
Rinat Gantsev, responsable créatif de Endy, nous explique cette campagne de sensibilisation. Nochlechka est venue nous trouver, nous demandant de relayer ce message de l’accessibilité à la prophylaxie, sollicitant notre intérêt sur le fait que le manque de propreté rejette une personne, l’humilie et l’empêche d’être intégrée à la société.
La formule ≠ Douche, nous est venue presque immédiatement. Elle attire non seulement l’attention sur le problème, mais raconte le projet et le rend immédiatement identifiable.
Lorsque Nochlechka s’est tournée vers nous pour obtenir de l’aide, ajoute Rinat Gantsev, nous n’avons pas hésité une seconde à soutenir bénévolement l’une des organisations caritatives les plus célèbres du pays.

Comme si nous n’étions pas au courant
Daria Baibakova, la directrice de Nochlechka Moscou, souligne l’excellence de cette campagne. Elle souhaite que les gens comprennent enfin que les sans-papiers sans-abris ne font pas exprès d’être sales et malodorants. Tout simplement, on ne leur offre pas les moyens pour qu’il en soit autrement, dit-elle.
Daria se révolte de constater que cette réalité ne change pas, ne change jamais.
C’est quand même fou, l’hygiène n’est toujours pas accessible à tout le monde, les apparences physiques continuent d’avoir de terribles influences et si l’on en parle, les gens s’étonnent comme si c’était la première fois que le sujet était abordé. Oui incroyable.
A Nochlechka, il y a déjà quelques années nous avons cerné ce problème vital, précise Daria. A Saint-Pétersbourg, le 7 novembre 2020, des douches ont été inaugurées pour les sans-papiers sans-abris. Une première dans ce pays. Et au mois d’août 2021, ce fut notre tour.
Ce que l’on cherche par cette campagne est que les autorités facilitent l’accès de leurs bains publics. Pas si publics que cela puisque sans papier vous ne pouvez y entrer et de plus, il faut payer.

L’ignorance facile
Il nous déplaît que certains d’entre nous sentent mauvais, mais il ne nous vient jamais à l’esprit que les sans-papiers sans-abris n’ont tout simplement pas d’endroit où se laver et faire leur lessive, répète Andreï Chapaev, responsable des projets humanitaires de Nochlechka.
Avec cette campagne d’information, espérons que nous puissions également laver les stéréotypes et les stigmates dont sont affublés les sans-abris, démontrer, une fois de plus, que le sans-abrisme est une circonstance de vie et non pas la caractéristique d’une personne, dit encore Andreï.

Notre tâche est immense, aidez-nous à sauver des vies.

Important : malgré les embûches du boycott, nous arrivons toujours à transférer votre appui financier.