L’hiver, la fatigue, Larissa n’en peut plus. Assise, recroquevillée sous l’auvent d’une entrée d’immeuble, Larissa laisse le froid l’envahir, l’hypothermie la guette.
Seule, sans un kopek, trainant avec peine un sac contenant toute son existence, Larissa errait depuis quelques jours dans les rues de Saint-Pétersbourg.
L’indifférence en guise de charité
Face à cette scène trop souvent quotidienne, en général les Pétersbourgeois regardent ailleurs.
Pour une fois, l’une d’entre eux a appelé Nochlechka.
Et en attendant notre arrivée, elle a procuré un thé chaud et sucré à Larissa, la sauvant certainement de graves problèmes physiques.
Pour palier à cette indifférence, chaque hiver nous lançons un appel à la population via les médias.
Les gestes qui sauvent
Les recommandations de bon sens énumérées dans notre fascicule permettent d’éviter le pire :
– laisser les sans-abris se réfugier dans les greniers, les caves, les cages d’escalier même si cela froisse votre confort moral. L’important est de ne pas les rejeter à la rue où les sans-logis peuvent mourir de froid.
– De même si une personne a un besoin médical, hypothermie, il est important d’appeler l’assistance médicale.
– N’hésitez pas aussi à offrir des boissons chaudes, de la nourriture.
Cette liste inventorie aussi les numéros d’urgence.
Egalement celui du comité de la santé au cas où le sans-papier ne serait pas accepté à l’hôpital du fait de l’absence d’identité.
Sachez, nous explique Andreï Chapaev, responsable des affaires humanitaires de Nochlechka, que la personne qui squatte un immeuble ne le fait pas par amour des cages d’escaliers ou des sous-sols, ces refuges à rats. Non.
C’est pour leur survie. Il est clair que cette présence n’est peut-être pas des plus agréables, mais quand il s’agit de la vie humaine, vous pouvez regarder la situation avec plus d’empathie.
Criminelle paperasse administrative
Aujourd’hui, Larissa est hébergée à notre Centre d’accueil de Borovaïa où elle nous raconte son calvaire.
Je suis née à Leningrad. Pendant 15 ans, j’ai travaillé à l’usine du Triangle Rouge, l’une des plus importantes de l’URSS produisant des produits en caoutchouc et en caoutchouc synthétique. Je fabriquais des chaussures, je me trouvais sur la liste d’attente pour un logement.
Mais la perestroïka a eu lieu et en quelques années tout s’est effondré, l’entreprise a fermé.
Sur ce, je pars pour la Biélorussie, retrouver la maison de mon enfance.
Mais impossible que je m’y installe avec mon passeport soviétique. Et pire encore, les policiers de Mahiliow me le confisquent.
De retour à Saint-Pétersbourg, sans papier, je travaille au noir, je loue des piaules à des exploiteurs et un jour mes économies ne suffisent plus, nous sommes en juin 2022, je me retrouve à la rue.
Avec mes maigres gains, vous ne payez pas la chambre, il n’y a pas d’issue, explique Larissa, les larmes aux yeux.
Alexandra la magicienne
Actuellement, nous nous employons à lui retrouver une identité administrative afin que Larissa puisse toucher une pension vieillesse.
Pour être honnête, quand je me suis installée à Nochlezhka, je suis surtout tombée admirative d’Alexandra, la psychologue. Vous pouvez lui parler, Alexandra résout tous vos problèmes. Elle est comme ça, Alexandra, elle est comme une magicienne, nous dit encore, avec un grand sourire, Larissa.
Votre soutien est fondamental. Encore plus en ces temps de grands froids.
Merci de votre aide, vous sauvez des vies.
Important : malgré les embuches du boycott, nous arrivons toujours à transférer notre appui financier, il est des plus indispensables.