Triste destinée

Je suis né dans le quartier le plus gangster de la ville de Tcheliabinsk. Mais pouvais-je imaginer que je terminerai à errer dans les rues de Saint-Pétersbourg ?
Alexeï, comme tant de sans-papiers sans-abris, est l’illustration même de la facilité avec laquelle on peut tomber dans la misère suite un mauvais coup du sort. Il nous raconte son parcours semé d’embuches.

Un départ tronqué
Mon père nous a abandonnés quand j’avais un an et demi. De 10 à 16 ans, je me battais dans la rue, j’appartenais à une bande de voyous. Je rêvais de devenir militaire. Je n’ai pas pu pour des raisons de santé, je souffre d’asthme bronchique et de pieds plats au stade terminal, ils ne m’ont pas accepté dans le service.
Ma mère a bien vu que je filais du mauvais coton, on a déménagé à Saint -Pétersbourg.
Quelle différence avec Tcheliabinsk. A Saintpet, les gens sont un peu plus humains, à Tcheliabinsk, ils sont vicieux.

Une parenthèse trop courte
A Saint-Pétersbourg, j’ai suivi une formation de soudeur, j’ai vite trouvé un travail, le salaire était correct, je vivais avec maman.
Maman est tombée malade. Elle avait de très gros problèmes avec ses jambes. Elle s’est inscrite sur la liste d’attente pour obtenir un quota social afin qu’elle puisse se faire opérer gratuitement. Mais ce quota ne venait jamais. Son état empirait.
Elle a dû vendre l’appartement pour se faire opérer. Maman décède une semaine après.

La chute
Je perds maman et dans la foulée l’appartement. Je n’ai plus de Propiska, je suis un sans-papier sans-abri.
Mon employeur me congédie, il ne peut garder des ouvriers sans papier, poursuit Alexeï.
J’ai cherché du travail. Le problème, c’est qu’on ne peut pas trouver un emploi sérieux sans Propiska. Proche de la gare de Moscou, j’ai vu une petite annonce qui offrait justement un travail de soudeur en dehors de la ville. Malheureusement, cela s’est avéré très difficile là-bas, pas de jours de congé, travail presque 24 heures sur 24.
La fatigue, le manque de règle de sécurité, un matin, l’échafaudage sur lequel je soudais, s’effondre.
Je me suis cassé les deux jambes, les mains et la colonne vertébrale. Comme j’étais employé au noir, l’entreprise m’a ignoré. Ils ne m’ont pas payé un centime pour le travail effectué. Encore heureux qu’ils aient appelé une ambulance et que j’ai pu être soigné à l’hôpital. Sans papier, vous savez, parfois ils ne vous acceptent pas.

Se relever
A ma sortie, je suis encore bien mal en point, et personne vers qui me tourner. Survivre devient encore plus hasardeux avec des jambes folles que vous trainez derrière vous.
Ma rencontre avec le Bus de Nuit a tout changé. Me voilà en de bonnes mains.
Je dois trouver un travail, m’installer, louer un endroit où vivre, peut-être que j’aurai de la chance et que je rencontrerai quelqu’un. Pour l’instant, je suis en cours de rééducation, puis je passerai un examen médical pour le handicap.
En fait, je crois en la justice. Quand ma mère est morte, j’ai pensé aller dans un monastère. Maintenant, je réfléchis à la façon de me relever.
Si seulement vous pouviez vous approcher d’une personne et qu’elle pouvait vous aider, pas même avec de l’argent, mais avec des conseils avisés, avec un mot chaleureux, heureusement il y a Nochlechka, conclut Alexeï.

Notre tâche est immense, aidez-nous à donner plus d’humanité.

Important : malgré les embuches du boycott, nous arrivons toujours à transférer votre appui financier.

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