Travaux forcés

En cas d’évasion, on vous tue… ” Malgré les menaces Sergueï a réussi à échapper à ses esclavagistes.
J’étais retenu de force dans une exploitation agricole, une année à trimer sous les coups et les menaces. Aucun salaire, à peine de quoi nous sustenter. La nuit, ils nous enchainaient, nous raconte-t-il.

Une loi laxiste
En Russie, Sergueï est loin d’être une victime isolée du trafic d’êtres humains.
Profitant des conditions extrêmement précaires des sans-papiers sans-abris, des mafias sont prêtes à tout pour les soustraire et les répartir aux plus offrants.
Elles bénéficient des lacunes du code pénal russe traitant de la «Privation illégale de liberté».
En effet, les paragraphes 127.1 et 127.2, interdisent, respectivement, le trafic humain et l’esclavage. Cependant, la loi ne fournit pas de définition claire et précise de ce qu’elle entend par “esclavage”.
Ainsi, la législation russe nie, pour ainsi dire, l’existence de l’asservissement en Russie.
En pratique, quand un cas est dénoncé, la police demande si la personne est enchaînée. Si ce n’est pas le cas, le plus souvent, elle refuse d’intervenir et d’ouvrir une enquête pénale.

Corvéables à merci
Pour échapper à leur misère, les sans-abris sont prêts à se raccrocher à toute promesse, fut-elle éhontée.
Que ce soit aux abords des gares, des stations de métro, dans les parages des crève-la-faim, les chasseurs d’esclaves sont à l’affut.
Déguisés en bienfaiteurs, ces négriers appâtent leurs victimes par des offres d’emploi prometteuses, des salaires intéressants, des conditions de travail idéales.
Jouxtant ces lieux, collées sur les murs, les panneaux, les poteaux, fleurissent des petites annonces, “Vous avez faim, nous sommes là” “Appelez-nous, nous résoudrons tous vos problèmes” “Nous aidons les alcooliques” “Pas de papiers, plus de problèmes”.
Nochlechka a beau, systématiquement, arracher ces publicités mensongères, très vite elles resurgissent.

Une cible de choix, le Bus de Nuit
Il en fallut des batailles verbales, physiques parfois, pour que les criminelles ne fréquentent plus les abords des distributions de vivre.
Le schéma est toujours le même : arrive une limousine, en sort une femme élégamment habillée et, mielleuse, elle distille des paroles avenantes, des promesses de lendemains qui chantent.
Bien sûr, nous raconte le chauffeur du Bus, nombreux sont les sans-abris à tomber dans le panneau, tout spécialement en hiver.
Il m’a fallut parfois engager des combats au corps à corps pour libérer le sans-abri qu’ils avaient déjà réussi à entrainer dans la voiture. On m’a proposé de l’argent et surtout menacé.
Il nous a fallu bien une année pour que ces bandits ne rodent plus alentours ajoute-t-il.

La traite continue
Malgré cette relative victoire, le trafic se poursuit.
Tant que la justice n’y mettra pas un haut-là, des hommes, des femmes, sans pitié aucune, seront extorqués, seront déplacés dans d’autres régions, seront asservis sur des chantiers, des exploitations agricoles pour un paquet de nouilles instantanées et des mauvais traitements à la chaîne.

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