Toujours aussi froid

Cet homme était-il endormi dans la neige, là, juste à côté de l’arrêt de bus, ou mort de froid ?
Les passants, les usagers du transport public, ne s’en préoccupaient pas plus que si cela avait été une poubelle à l’abandon, raconte ce citoyen qui tient à garder l’anonymat.
J’avais sur moi les numéros d’urgence que Nochlechka avait publiés et distribués.
Une ambulance est venue, le gisant vivait encore, il a été emmené à l’hôpital.
Je ne sais pas s’il a pu être sauvé.

On grelotte encore
La neige couvre toujours les chaussées, l’humidité, le vent, le froid, moins cinq ce matin. Malgré le calendrier qui nous dit que l’hiver est derrière nous, la météo le contredit à coup de thermomètre négatif.
Comment penser démonter nos Tentes de la Survie en de pareilles conditions météorologiques, s’inquiète Andreï Chapaev, responsables des actions humanitaires de Nochlechka.

Le 17 avril tout doit être dégagé.
Nous allons demander aux municipalités qui accueillent nos deux Tentes de bien vouloir prolonger le bail.
Croisons les doigts qu’ils seront sensibles aux arguments humanitaires. Je me rappelle, il y a quelques années de cela, en pareilles circonstances, les fonctionnaires n’avaient rien voulu savoir et le jour dit les Tentes furent démontées, les sans-papiers sans-abris rejetés à la rue, en plein frima.

Tant de morts
Chaque année, le bilan de personnes sans abri, fauchées par la mort blanche, est effroyable.
Rien n’est fait pour lutter contre cette impitoyable mortalité hivernale.
L’administration de Saint-Pétersbourg n’a toujours pas ouvert des abris hivernaux accessibles à toutes et tous, sans tenir compte de leur situation juridique (Propiska).

Bien au chaud
Entourée d’autres réfugiés de l’hiver, à l’abri sous la Tente de la Survie proche du métro Vassileostrovskaya, Vlada, un repas chaud à la main, blottie dans une couverture, nous raconte sa chute sociale.
Il y a trois ans, Youri, mon homme, est décédé. Nous partagions l’appartement avec sa famille. A peine enterré, beaux-frères, belles-sœurs, belle-mère, me jettent dehors, juste le temps de prendre quelques habits avec moi. En un instant, je perds tout, reste la rue, reste la survie.
Vous ne savez pas ce que sait d’affronter le mauvais temps, tout est mouillé, nos guenilles, nos os. Le vent se lève, on gèle, il faut alors marcher, marcher, marcher pour ne pas crever.
Nous ne sommes plus des humains, même pas des bêtes, des moins que rien, seul le désespoir nous habite.

Merci infiniment de votre confiance, continuez à soutenir notre travail.
Il sauve de très nombreuses vies.

Important : malgré les embuches du boycott, nous arrivons toujours à transférer notre appui financier, plus indispensable que jamais

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