
Suite à une violente dispute, Vladimir, la quarantaine bien tapée, a été mis à la porte par sa compagne. Vladimir se retrouve à la rue, perd son emploi, se met à boire et c’est parti pour de très longs mois de galère.
En plein blizzard
Il y a dix mois de cela, Vladimir, transi de froid, s’est réfugié dans notre Tente de la Survie. Très méfiant, peu causant, Vladimir restait dans son coin. Nous l’avons patiemment approché pour qu’il se raconte, nous explique sa tragique situation.
Nous lui avons suggéré de se rendre à notre Centre d’accueil. Là, il y trouverait bons conseils et douches chaudes, de quoi laver ses habits aussi.
Un sans-abri inhabituel
Un matin, quand l’hiver et le printemps se disputent la place, Vladimir est arrivé pour l’une de ses deux visites hebdomadaires. Dans sa main, une belle et grande coquille d’escargot.
Je l’ai trouvé pas trop loin de là, il ou elle doit être pétrifié de froid. Vous n’auriez pas un bocal ou un carton où nous pourrions le déposer, demande, tout préoccupé, un Vladimir des plus attentionnés.
Ni une ni deux, nous lui trouvons le nécessaire, une boîte à chaussures cabossée, quelques papiers journaux froissés, et voilà notre escargot bien au chaud. Et en guise de plafond, de toit, le couvercle du carton dans lequel nous avons percé de très nombreux trous.
Deux jours plus tard, Vladimir arrive avec un concombre. Comment va-t-il, demande-t-il, tout inquiet, je lui ai apporté de quoi se nourrir.
L’escargot ne se porte pas trop mal, timidement il a déjà sorti ses cornes en observation de cet étrange milieu.
On va l’appeler Teodor, décide Vladimir sans contestation possible. M’en occuperai. Et de ce pas, Vladimir part aux douches avec son protégé. Faut bien le laver, ajoute-t-il.
Ponctuel
Depuis, tous les mardis et vendredis, Vladimir est là pour son ami Teodor. Pour lui aussi bien évidemment.
Chaque jour, à neuf heures et demie du matin, l’agent de permanence ouvre les portes du Centre, nos sans-papiers sans-abris, la première chose qu’ils font, aller chercher leur ticket pour le rendez-vous avec l’avocat, ou l’assistance sociale ou encore pour chercher des habits.
Mais pas Vladimir. Avant tout, il va saluer son pote Teodor.
Des soins très personnalisés
Délicatement, il le sort de sa maisonnette de carton, puis au robinet des toilettes, ouvre subtilement l’eau chaude. Pas trop chaude non plus, nous explique-t-il, je lave soigneusement mon Theodor.
Puis Vladimir change l’eau de l’écuelle, les papiers de journaux froissés, coupe finement un concombre frais, remet Teodor dans son abri garni de nourriture fraîche.
Tout au long de la journée, pendant que Vladimir attend son tour pour prendre une douche, obtenir une trousse d’hygiène ou voir une assistante sociale, il visite régulièrement l’ami Teodor. Je me sens moins seul avec lui. Sa présence me fait du bien. Theodor me tient compagnie, dans ma tête il m’accompagne.
Ce n’est qu’un aurevoir
Il y a deux ou trois jours, Vladimir nous a contactés, raconte Seryozha, assistance sociale au Centre. Vladimir nous a dit qu’il s’était réconcilié avec sa femme. Qu’il avait contacté son ancien employeur et que grâce aux papiers administratifs que nos avocats lui avaient permis de reconstituer, Vladimir espérait retrouver rapidement un travail.
Bien sûr, Vladimir s’est enquit de son ami, nous demandant si Teodor a voulu s’enfuir, s’il mange bien ? Nous priant de bien nous en occuper et que tout bientôt, il viendra saluer son Teodor.
Je l’ai rassuré et promis que nous serons à la hauteur de nos responsabilités, son Teodor est entre de bonnes mains.
Notre tâche est immense, soutenez-nous pour qu’ils retrouvent espoir.
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