Sortir du trou

Vitali, orphelin, vingt ans à peine, vient de survivre à plus de deux ans d’abandon total. Pour l’administration moscovite, Vitali, tout simplement, n’existait pas.
En 2022, j’ai enfin trouvé un poste vacant sur un chantier, nous raconte, tout joyeux, Vitali. J’ai touché mon premier salaire et j’ai pu trouver un logement qui m’est propre.
Et aujourd’hui, avec mes papiers en règles, je vais pouvoir réellement vivre, enfin, un quotidien comme tout le monde.

L’indispensable entraide
Deux ans ! Il nous a fallu deux ans pour que le cas de Vitali soit résolu, qu’il retrouve son identité, le droit d’être, s’exclame , indignée, Tanya Romanko, notre assistance sociale.
En attendant cette délivrance, Vitali a suivi nos cours de réinsertion et notre psychologue l’a aidé à réapprivoiser les normes sociales du citoyen lambda.
Nous l’avons aussi appuyé dans sa recherche d’un emploi en veillant que son statut administratif bancal ne soit pas prétexte à une exploitation laborale honteuse.

Vitali, l’orphelin
Les orphelins, selon la loi, ont droit à un logement à leur sortie de l’orphelinat.
Hélas ce n’est pas toujours le cas. Vitali est là pour en témoigner.
Lorsque Vitali quitte l’établissement, en 2020, personne ne lui lit ses droits et le voilà sans rien, sans même une pièce d’identité, à se retrouver dans la rue, à y survivre.

L’habituelle errance
De débrouilles et petites magouilles, Vitali subsiste comme il le peut dans ce Moscou immense, hostile à toutes celles et ceux qui ne sont pas conformes.
Un soir, il rencontre le Bus de Nuit et au détour d’une soupe fumante, Vitali apprend l’existence de Nochelchka.
Il s’y rend afin que nos services sociaux l’aide à sortir de sa galère, à trouver une existence plus conforme à un jeune homme dont le seul tort est de s’être retrouvé à l’orphelinat.

Une très longue lutte judiciaire
Avec notre assistante sociale, Tanya Romanko, Vitali essaye d’obtenir de la part de l’administration moscovite, non seulement le logement auquel il a droit, mais aussi une rentre invalidité.
Vitali a perdu un œil dans une bagarre de rue.
L’un et l’autre sont refusés. Pour le logement le délai est dépassé, et pour l’œil borgne, le préposé considère que cela n’est pas invalidant.
Une longue lutte, un éternel recommencement, débute pour notre service juridique.
En attendant, nous logeons Vitali dans une chambre que Nochlechka loue dans une auberge.

Laissez-nous tranquille
En règle générale, à Moscou, l’absence d’identité, de Propiska, est pour les fonctionnaires, une raison pour ne pas s’occuper du demandant, explique notre avocat Ksyusha Boeva.
Beaucoup de fonctionnaires, quand ils voient un client sans-papier, pensent que c’est du travail supplémentaire, ils ne veulent pas le faire, et font tout pour ignorer le cas.
Il nous est même arriver que les employés nous appellent et nous disent sans détour : “Ne nous envoyez plus votre public”.

Face à de tels tracas, nombreux sont les sans-papiers sans-abris qui baissent les bras. Il en faut de la volonté pour tenir la distance souligne Tanya Romanko.
Evidemment, sans le soutien de Nochlechka, c’eût été impossible, ajoute Vitali.

Merci à toutes et à tous de parler de Nochlechka, de nos succès, de nous aider à poursuivre nos multiples entraides.

Le sans-abrisme n’a pas disparu le 24 février
Merci infiniment de votre confiance, continuez à soutenir notre travail.
Il sauve de nombreuses vies.

Important : malgré les embuches du boycott, nous arrivons toujours à transférer notre appui financier, plus indispensable que jamais.

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