Secours de nuit

Le bus blanc se fraie un chemin parmi les congères bordant la route défoncée. Le blizzard cingle la nuit, gifle le parebrise, le thermomètre marque moins dix-sept degrés.
Nous nous trouvons à bord du véhicule de Charity Hospital en compagnie de Sergueï, Anna, Maksimych et Vika, toutes et tous des médecins et infirmiers bénévoles pour cette tournée nocturne.
Objectif : visiter les Tentes de la Survie et l’Abri de Nuit, y apporter les essentiels soins de premières urgences.

A la Dostoïevski
Premier arrêt, la Tente de la Survie plantée dans le district de Vasileostrovskiy, au lieu-dit “Gavan”.
Un endroit isolé, près de la Neva, à quelques encablures du golfe de Finlande.
Le vrai Pétersbourg de Dostoïevski, regardez ces bâtisses industrielles du dix-neuvième siècle à l’abandon, ces ruelles vides, sombres, où, malgré la blancheur de la neige, l’on sent comme une menace, me dit en souriant Maksimych, médecin urgentiste.
Nous déposons les médicaments, les stéthoscopes, le matériel médical près du pistolet thermique, sur la table, à droite de l’entrée, à côté du poêle à mazout.
L’étuve dégagée par la quarantaine de corps couchés les uns contre les autres nous sautent au visage telle celle de l’ouverture d’un four humidement chaud. Nos lunettes sont tout embuées.
Les soins commencent, des changements de pansements, de prises de tension, de températures, des onguents contre la gale, contre des plaies purulentes, une sans-abri souffre de bronchopneumonie.

Risquer sa peau
Pas étonnant s’exclame Vika, avec ce froid, comment voulez-vous survivre sans risquer votre peau, avec ce froid qui nous harcèle depuis maintenant bien dix jours ?
Je n’ose imaginer le nombre de personne qui vont mourir cet hiver faute de soin, faute surtout d’abri chauffé.
Et dire que l’administration ne fait rien pour ces milliers de malheureux, ou si peux, alors qu’elles pourraient mettre à disposition des refuges d’urgence, souligne-t-elle indignée.
La consultation se termine, il est temps de se rendre à l’autre bout de la ville, où se situent la 2em Tente de la Survie et l’Abri de Nuit.

Abnégation
Pour nous, bien évidemment, ces tournées médicales sont assez usantes nous explique Sergueï tandis que le bus patiente dans une longue file de voitures engluées en un interminable bouchon.
Saint-Pétersbourg est une grande ville, dit-il, la neige rend notre maraude, d’un point à l’autre des abris de Nochlechka, assez fastidieuse tant le trafic hoquette.
Evidemment, une fois à pied d’œuvre, nous n’y pensons plus, concentrés que nous sommes sur l’aide que nous apportons, si nécessaire, si indispensable.
En janvier, 7 médecins et assistants ont maraudé huit fois.
Dans les Tentes de la Survie, 198 personnes ont eu besoin de soins.
Dans l’Abri de Nuit, 124 personnes ont été soignées. Une ambulance a été appelée une fois.

Aidez-nous
Ce qui nous motive le plus, c’est bien évidemment de sauver des vies comme nous le faisons dans nos hôpitaux respectifs souligne Anna.
Nos multiples actions humanitaires sont uniquement possibles par le soutien de l’entraide. Sans elle nous ne pouvons rien. Merci de continuer à nous seconder, conclut-elle.

Notre tâche est immense, soutenez-nous, vous sauvez des vies.

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