Rien ne change

Même caché par un masque de protection, le drame des sans-abris n’en ait pas moins terriblement aigu.
Corona ou pas, l’histoire de Sergueï Ivanov fait froid dans le dos, celle d’un citoyen russe sans-papier sans-abris, sans droit.

Pavel Lyaks, spécialiste du travail social chez Nochlechka, nous raconte cette destinée.

Multitudes identités
Tout au long de sa vie, Sergueï Ivanov a eu de très nombreux prénoms, Anton, Vadim, Dimitri, Ivan, Youri ou encore Boris. On les lui affublait selon les circonstances
Aujourd’hui, Sergueï est son vrai et seul prénom, celui de sa naissance.
Sergueï est né dans la région d’Arkhangelsk où il a grandi dans un orphelinat, il a servi brièvement dans l’armée et s’est retrouvé à Saint-Pétersbourg.
Ses papiers d’identité, il les a perdus depuis longtemps ainsi que sa mémoire suite à un traumatisme craniocérébral. Et pour ne rien ne faciliter, Ivanov est un nom de famille des plus usités.

Une longue et violente errance
Combien de temps Sergueï a survécu dans les rues, personne ne le sait. Un fait est certain, en 2018, en plein hiver, il débarque mal en point dans l’une de nos Tentes de Survie. Là, les responsables lui proposent de rejoindre notre Centre d’Accueil.
Commence un long et patient travail, recouvrir la mémoire. Dévider le fil tenu d’une pelote enfouie dans l’inconscient de notre sans-papier sans-abri.
Ce fut long, très long. Sergueï finit par se rappeler du temps d’avant sa blessure, de son enfance à l’orphelinat où il s’appelait encore Sergueï, des traumas sociaux vécus, de cette existence en blanc où si souvent il fut spolié.
Ce fut long, très long aussi pour retrouver ses traces administratives

Trois personnes en une
La principale difficulté fut que tous les prénoms qui étaient stockés dans des bases de données étaient différents. Chaque fois que la police l’avait arrêté dans la rue, prit ses empreintes digitales, l’homme se présentait sous des prénoms différents. Anton, Vadim, Dimitri, Ivan, Youri ou encore Boris.
En voulant restaurer les documents, il s’est avéré que les empreintes digitales de Sergueï Ivanov appartenaient à trois personnes à la fois.
Mais prouver au système bureaucratique russe qu’à part Sergueï lui-même, il n’y avait personne d’autres au monde avec de telles empreintes, cela s’est avéré être une tâche immensément difficile.

Un fantôme administratif
Une année plus tard le service juridique de Nochlechka est à bout touchant.
Permettre à Sergueï de retrouver une identité administrative, d’être enfin un citoyen de plein droit et non plus un fantôme administratif, comme c’est les cas de tous ces citoyens russes privés d’identité.
Enfin Sergueï aura droit à une retraite, à une pension d’invalidité, de recevoir les médicaments, les traitements médicaux dont il a besoin.

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