Pourquoi mourir de soif ?

En Russie la survie n’est pas un vain mot. En été on peut crever de soif, en hiver mourir de froid.
Comment est-il possible que dans des grandes villes telles Saint-Pétersbourg et Moscou des dizaines de milliers de personnes soient confrontées au problème de la soif ?

S’empoisonner, un problème endémique
Dans ce pays, faute de papiers d’identité,  les points de distribution d’eau potable sont inaccessibles aux citoyens russes sans-papiers sans-abris.
Ils sont condamnés à boire l’eau des rivières, des canaux.
Les conséquences sanitaires sont désastreuses, nous informe Marina Kolmakova de Charity Hospital.
Elle ajoute, si l’eau est indispensable à toute vie, elle peut être également vecteur de nombreuses maladies et parfois provoquer la mort.
Les sans-abris en se désaltérant avec l’eau polluée attrapent diarrhée, gale, hépatite, teignes, pyodermite, conjonctivite, otites, salmonelles, amibes, rotavirus.

Réagir
Face à l’inaction structurelle des pouvoirs publics, Nochlechka essaye d’atténuer ces néfastes effets par la distribution de bouteilles d’eau.
En juillet, parfois en août, suivant la rigueur du thermomètre, l’ONG répartit des milliers de litres.
Pour le moment, les sans-papiers sans-abris ont reçu pas moins de 1’737 litres d’eau à Moscou et 970 litres d’eau à Saint-Pétersbourg.

L’étuve microbienne
En été, nous explique la doctoresse Lana Zhurkina, en période de fortes chaleurs, les deux principaux risques auxquels sont confrontés les sans-abris sont la déshydratation et l’hyperthermie.
Les sans-abris, surtout ceux qui ont une dépendance à l’alcool, ne pensent pas à boire suffisamment d’eau.
De plus, nombreux portent tous leurs habits, des couches de frusques provoquant une augmentation de la chaleur corporelle induisant à des ruptures de la conscience. Dans les cas les plus graves, c’est le coma.
Mais plus souvent, cette perte de vigilance cérébrale débouche sur de multiples accidents physiques, poursuit Lana Zhurkina. Et aussi, avec cette macération du corps, la chaleur humide facilite l’infection de certaines plaies ou aggrave les maladies de peau dont souffrent les personnes à la rue.

Pas une goutte de toute la journée
Rencontré à côté du Bus de Nuit en charge de la distribution, une bouteille d’eau à la main, Pavlov, la cinquantaine, le visage buriné par la survie, nous parle de son calvaire :
Il y a seulement deux possibilités d’avoir de l’eau potable. Gagner un peu d’argent et l’acheter, ce qui est loin d’être évident aux vues de notre condition, ou se rendre dans les toilettes d’un restaurant de fastfood. Mais si nos vêtements sont sales, difficile d’entrer et de boire l’eau aux toilettes. Parfois, nous choisissons entre nous une personne qui a les vêtements les moins crades et il joue les porteurs d’eau pour nous tous.
Il y a des jours où littéralement je crève de soif. Aujourd’hui, par exemple, je n’avais rien bu avant 20h30, avant de vous voir.

Hydrater tout en informant
Pour mener à bien cette action sanitaire, Nochlechka lance à la citoyenneté un appel aux bouteilles d’eau.
En menant cette opération, Nochlechka, non seulement récolte le précieux liquide mais rappelle à la société russe les terribles conditions dans lesquelles survivent les sans-papiers-sans-abris.
Notre initiative humanitaire sensibilise les citoyens afin que, progressivement, leurs préjugés portés sur les sans-papiers sans-abris se modifient et surtout, bien sûr, notre distribution permet à des hommes, à des femmes, de boire sans s’empoisonner, souligne Andreï Chapaev responsable des actions humanitaires.

Notre tâche est immense, aidez-nous à donner plus d’humanité.

Important : malgré les embuches du boycott, nous arrivons toujours à transférer votre appui financier.

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