Se rendre dans un magasin, allumer l’interrupteur, se doucher, manger avec des couverts, pour nous des gestes d’une totale banalité, à tel point qu’ils passent inaperçus. Pas pour eux.
Eux, les citoyens russes sans-papiers sans-abris.
Réalité relative
Par le biais d’une exposition, Instastarama, qui se tient du 25 avril au 6 mai, au Centre de la tolérance du Musée juif à Moscou, Nochlechka propose aux visiteurs de revisiter ses habitudes, de percevoir comment un survivant de la rue ressent le quotidien.
Pour nous un banc public est un objet pour s’asseoir, pour un sans-abris cela sera un lit nous dit Sergey Filipchenko, rédacteur publicitaire de la Grande Agence, celle qui a mis sur pied cette exposition, ajoutant: il est important de souligner qu’une même réalité peut être perçue de façon totalement différente.
Personne ne veut vivre dans la rue, tout le monde a droit à la dignité
Le quotidien d’une personne sans abri est des plus difficiles, pleine de solitude, de danger et de condamnation universelle.
Par cette exposition nous voulons que le public puisse regarder son monde familier avec les yeux d’un sans-abri.
Nous espérons ainsi pouvoir attirer l’attention des citoyens sur le sans-abrisme et sur l’importance de l’aide apportée à ceux qui sont en difficulté, a déclaré Daria Baybakova, directrice de la branche moscovite de Nochlechka.
Victime du système administratif existant
Sachant que la tâche principale de Nochlechka est d’aider les gens à sortir de la rue et à retrouver une vie normale, c’est avec enthousiasme que nous soutenons ce projet nous déclare Anna Makarchuk, directrice du Centre pour la tolérance.
Les jugements stéréotypés sur les sans-abris ont la vie dure. Pour Madame et Monsieur Lambdov ce sont tous des fainéants, des alcooliques, des sangsues qui ont choisi leur existence.
Mais rien n’est plus faux ajoute Anna Makarchuk.
Au Centre pour la tolérance, dans chaque projet d’exposition, nous parlons des stéréotypes, à chaque événement, nous en discutons avec les générations plus jeunes et plus âgées.
Instastarama est une autre occasion de parler de l’homme sans abri qui dans la plupart des cas est une victime du système administratif existant conclus Anna Makarchuk .
Diktat administratif
Nochlechka avait prévu d’organiser cette exposition dans l’un des parcs de la ville de Moscou. Pendant dix mois, les employés de la branche moscovite de l’ONG ont interpellé l’administration moscovite, dix lieux leur ont été proposés, tous ont été rejetés.
Les fonctionnaires des lieux publics ont justifié leur refus en signifiant que les visiteurs des parcs risquaient de ne pas comprendre le sujet de l’exposition.
Seul le centre de tolérance du musée juif a fourni à Nochlechka un espace pour le projet.
A Moscou, la situation du sans-abrisme rappelle celle rencontrée dans les années 90 à Saint-Pétersbourg où pour l’administration les citoyens sans-papiers sans-logis était un non-problème.
Il en va de même aujourd’hui dans la capitale. D’ailleurs depuis plus d’un an toutes les initiatives de Nochlechka à Moscou ont été rejetées. Lire l’article.
Soutenez Nochlechka vous sauvez des vies.