Oksana, multiple victime

Un visage tuméfié, couvert d’ecchymoses, comment est-ce possible que pareille agression se passe dans la rue, en plein jour, sans que personne intervienne, constate, effarée, Daria Baibakova, directrice de Nochlechka Moscou.
Oksana, la cinquantaine, s’est réfugiée dans notre Centre d’accueil, c’est là que je l’ai trouvée, apeurée, affolée, par tant de violence physique, poursuit Daria.

Absurde indolence
L’agression s’est produite il y a deux semaines. Osaka a été dépouillée de son sac, ses papiers d’identité, son portefeuille, toutes ses affaires.
Oksana explique, entre deux sanglots, qu’elle s’est rendue, vaille que vaille, à la station de police la plus proche. Comme dans un brouillard, la tête me tournait, j’avais mal partout. Eh bien là, comme je n’avais plus aucune pièce d’identité, ils m’ont dit qu’ils ne pouvaient enregistrer ma plainte. Juste qu’ils allaient essayer de retrouver mes agresseurs.
Je ne pouvais même pas rentrer dans mon quartier, l’auberge se trouve à plus de trois heures à pied, et sans argent pour le transport public, comme s’y rendre dans mon état ?
Bref, je me suis retrouvée à la rue.

Perdue dans une lointaine banlieue
Avec ce mal de tête, les jambes flageolantes, je me suis écroulée sur un banc public et je me suis endormie, poursuit Oksana. Je me trouvais dans le quartier de Lioubertsy, à côté de l’immense périphérique, le MKAD, à plus de quinze kilomètres du centre de Moscou.
Je travaille comme cuisinière, au noir, et je loue une chambre dans une auberge.

Dégâts collatéraux
Oksana est née à Sakhaline. Elle a vécu de nombreuses années en Ukraine où sont restés son mari et sa fille.
Avant la guerre, Oksana est venue en Russie pour travailler et pouvoir envoyer de l’argent à sa famille. La guerre ayant éclaté, elle n’a pu les revoir. Et comme elle est arrivée à Moscou avant les hostilités du 24 février 2022, elle ne peut demander le statut de réfugiée.

Perfide survivance
Sonnée par cette violente agression, Oksana a perdu un peu la boule, elle erre au hasard à la recherche de quelque pitance, de lieux discrets où dormir.
Après quinze jours, une passante lui indique que pas très loin de là, une ONG a monté, sous forme de tente, un refuge. Une fois recueillie en ce lieu, le préposé la transporte à notre Centre d’Accueil.
Rappelez-vous, nous dit Daria Baibakova, même un court séjour dans la rue affecte la santé physique et la santé mentale. Certaines personnes sont plus marquées que d’autres.
Dès qu’Osaka est arrivée, nous l’avons accompagnée à un dispensaire pour qu’elle soit examinée, explique Zhenya, notre assistante sociale.

A la dernière minute
Oksana loge dans le Centre exclusivement réservé aux femmes et nous nous attelons de lui retrouver son identité, puis, dans un deuxième temps, un travail, poursuit Zhenya.
Vous savez, ajoute Oksana, je pense que si je n’avais pas rencontré Nochlechka, je me serais tuée. Plus d’une fois, j’ai envisagé de me jeter sous un train ou depuis l’un des nombreux ponts de ce périphérique.

A Moscou, à Saint-Pétersbourg, ils sont des dizaines de milliers de sans-abris, notre tâche est immense, aidez-nous à sauver des vies.

Important : malgré les embûches du boycott, nous arrivons toujours à transférer votre appui financier.

 

 

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