Maman sans papier

Natalya, la trentaine, a connu son amoureux dans la rue. Pour s’aimer, ces deux sans-papiers avaient les portes cochères, les bancs publics.
Il y avait aussi des matelas et des couvertures non loin de Sredny Prospekt, puis des matelas et une hutte sur le quai de Smolenska.

Natalya est enceinte de six mois, mais sans identité aucune, impossible de voir un gynécologue, avoir un suivi obstétrique.

Paria dès sa naissance
Natalya, totalement désespérée, par chance, un soir, tombe sur le Bus de Nuit. Là, un médecin bénévole la prend en charge et la dirige vers une connaissance obstétricien-gynécologue.
Récemment, sur ulitsa Dimitrova, nous avons croisé Natalya et son jeune nouveau-né, son Sasha. Sasha, emmitouflé dans un couffin bleu marine, a deux mois. Sasha pèse 4,2 kilos, il mesure 85 cm.

Natalya nous raconte : Il y a cinq mois, grâce au médecin bénévole, pour la première fois de ma vie, j’ai eu un examen médical complet. Mais cela ne suffisait bien évidemment pas. Il fallait absolument que je retrouve une identité administrative, sans cela mon enfant allait naître paria. Un toit, de l’argent pour l’accouchement, pour le bébé.Tout était urgent, tout était nécessaire.

Solidarité
Pour l’argent une collecte a été lancée auprès des Pétersbourgeois, pour le toit, l’organisation la Croix de Malte s’en est occupé et pour les papiers d’identité c’est Nochlechka et son savoir-faire qui s’en charge.

Un bonheur paradoxal
En un flot continu et rapide de paroles, Natalya nous parle de sa nouvelle existence.
Pour l’instant, nous n’avons toujours pas de papiers officiels, cela prend beaucoup de temps. A cause de cela, je ne peux toujours pas apporter Sasha chez le pédiatre. Heureusement il y a les médecins de l’hôpital Botkin. Je ne sais pas ce que nous ferions sans eux.
Seul l’hôpital Botkin accueille les sans-papiers de Saint-Pétersbourg

Même si notre quotidien est difficile, nous avons beaucoup de chance d’être ainsi entourés.
Nous avons un tout petit, petit appartement, minuscule, juste assez de place pour la poussette, une petite pièce, des étagères où vous pouvez ranger bonnets et gilets pour bébé et une cuisinette.

En guise d’aide sociale, l’Etat russe se satisfait d’une seule attitude : la négation du problème.
Rappelons qu’en Russie, une famille sans-papier se trouve dans une situation très particulière : un enfant dont les parents sont sans enregistrement est lui aussi un sans-papier, aux yeux de l’administration il n’existe pas. Entre autres, il ne peut être assuré.
Gare s’il devait tomber malade ou s’accidenter. De plus, pas de soin gratuit, ni de visite médicale, pas de vaccination. L’accès à toute scolarisation lui est interdit.

Un futur incertain
Bien sûr, poursuit Natalya, pour le moment nous pouvons compter sur bien des appuis charitables, mais pour combien de temps ?
Je sais, je suis bête de penser ainsi, pour l’instant tout est si beau. Mais vous savez, quand vous avez dû survivre dans la rue où votre quotidien est si hasardeux, jamais rien n’est acquis, toujours, tout le temps il faut se battre pour survivre.
Et c’est un réflexe qui ne me quitte pas, qui explique ces pensées noires.

On estime à 30% le nombre de femmes composant la population de sans-logis
A Saint-Pétersbourg, plus de soixante mille personnes sans-papier sans-abris souffrent.
Nous essayons d’en protéger un maximum.
Sans vous, sans vos appuis financiers, nos actions humanitaires ne seraient tout simplement pas possible, tant notre tâche est immense.

Soutenez-nous, vous sauvez des vies.

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