Maksat, citoyen apatride

Le Kremlin ordonne aux personnes originaires des États post-soviétiques, de quitter le pays avant le 15 juin si elles sont en situation irrégulière.
Suite à ce décret, Maksat, originaire du Kazakhstan, actuellement sans passeport russe et vivant dans notre Centre d’Accueil, se retrouve pris au piège.

À la mi-décembre 2020, en raison de la pandémie de coronavirus, le président russe Vladimir Poutine a prolongé le statut de résident des citoyens étrangers vivant en Russie jusqu’au 15 juin 2021.
Cette mesure concerne précisément les migrants originaires des pays de la Communauté des États indépendants (CEI) vivant en Russie sans documents appropriés.

Bonjour Kafka
En 1996, Maksat travaille à Saint-Pétersbourg. Comme le demande la nouvelle législation, il sollicite le passeport russe en lieu et place de son passeport de l’URSS .
Mais oh surprise, sans explication aucune, le préposé lui renouvelle le document de l’ancienne Union des Républiques Socialistes Soviétiques.
Rappelons que cette entité a disparu le 26 décembre 1991.
Avec son statut d’un autre temps, Maksat commence à rencontrer de plus en plus de difficultés,  travail, logement, etc.
Comme nous l’explique notre travailleur social, Pacha Lyaks, il est vite devenu clair que l’homme n’avait plus aucune citoyenneté, ni kazakhe, ni russe.

La dégringolade
Maksat est un apatride, il n’existe plus, il n’a plus aucun droit.
C’est vrai ajoute Maksat. Progressivement j’ai eu de plus en plus de peine à rester intégrer à la société. Malgré mes diplômes de soudeur, mes longues années de pratique, mes employeurs m’ont progressivement mis sur la touche, puis à la rue.
A la rue, car sans travail et sans papier, j’ai perdu la chambre que je louais depuis plus de dix ans, dix ans en ayant toujours payer le loyer rubis sur ongle.
La rue, la survie, l’alcool, devinrent mon quotidien. Et dire qu’avant je ne buvais pas.

Exister ?
Maksat trouve refuge chez Nochlechka fin 2018. Depuis, les juristes essayent de lui procurer la nationalité russe à laquelle il a droit.
Nous avons aidé cet homme à restaurer ses documents, trouver son identité dans les registres du service des migrations, récupérer son certificat de naissance et prouver au tribunal qu’il vivait en Russie en 1991, nous explique Igor Karlinsky l’un des avocats de l’ONG.
Il ajoute : La dernière étape demeure la plus importante, l’admission à la citoyenneté.
Cette demande a, pour le moment, été refusée. Le département de la citoyenneté demande à Maksat de fournir un certificat d’enregistrement de la migration.
Mais Maksat ne peut pas fournir un tel certificat puisqu’il est un sans-papier sans-abri.

Le combat continue
De ce fait, il est illégal d’exiger un tel certificat. Les fonctionnaires le savent, ils ne peuvent pas se référer à une règle de droit ou à un règlement car ils n’existent pas.
Malgré ces faits, ils continuent à le demander et cette absurdité dure depuis plus de quatre mois.
Nous avons déposé une plainte, mais, à ce jour, n’avons reçu aucune réponse.
Nous ne céderons pas, conclut Igor Karlinsky.

L’expulsion ou pas ?
Est-ce qu’une chasse aux sorcières va être organisée, systématique, méthodique, pour expulser du territoire russe les orphelins administratifs de l’ancienne URSS, piégés par une administration et des politiques aux comportements parfois des plus incompréhensibles ?
Selon les données du ministère de l’Intérieur, plus de 49’000 migrants “illégaux”, originaires du Kazakhstan, résident actuellement en Russie.

Sans votre aide nous ne pourrions mener ces indispensables luttes juridiques.
Soutenez-nous, vous sauvez des vies.

 

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