L’oiseau tombé du nid

Hier, je marchais dans le couloir de notre Centre d’Accueil et soudainement une très jeune femme s’est approchée et m’a serrée dans ses bras en répétant de multiples fois, spasiba, spasiba, spasiba, merci.
Puis elle a filé sans un autre mot, raconte Daria Baibakova, directrice de Nochlechka Moscou.

Mystérieuse personne
Voilà plus de trois ans que je préside Nochlechka, raconte Daria, et c’est bien la première fois que pareil geste m’arrive.
Abasourdie, je me suis renseignée sur cette personne si gentiment effusive. Maria, elle s’appelle Maria, m’a dit Tanya Romanko, notre travailleuse sociale, ajoutant que Maria est un cas difficile.
Elle est encore mineure et a déserté le foyer familial pour mauvais traitements. Nous sommes en train de lui chercher une place dans un foyer pour jeunes, précise Tanya Romanko.
Elle est venue au Centre très récemment. Maria est très discrète, nous parle très peu. Elle dort par-ci, par-là. Nous l’avons enregistrée mais je ne la brusque pas, je tiens à ce qu’elle s’habitue à notre Centre au rythme qui lui convient.

Apprivoiser l’environnement
Maria vient, repart. Parfois elle partage le repas avec les autres résidents, parfois elle se montre distante. On voit qu’elle analyse le lieu, savoir s’il est dépourvu de pièges.
Daria Baibakova souligne qu’il est habituel que les sans-abris se comportent de la sorte tant ils ont appris à se méfier de tout afin de pouvoir survivre dans la rue.
De jour en jour, Maria est plus présente, la consultation avec la sociologue a été un succès. Maria s’est aussi laissée photographier pour son dossier.
Pas à pas, Maria s’intègre. Ce sont de petites victoires qui nous donne de la force, ajoute encore Tanya Romanko.

Un soutien quotidien
Daria Baibakova explique aussi qu’une des principales causes du sans-abrisme féminin est les violences interfamiliales. Pour en échapper, la femme, très souvent, se retrouve à la rue. Et là, c’est une autre violence qui l’attend.
Celle de la faim, de la promiscuité, de la saleté, du manque cruel d’hygiène, celle des agressions physiques, sexuelles, morales.
Au Centre, à l’arrivée de femmes sans-abris, sans autre nous leur proposons des serviettes hygiéniques, des tests de grossesse, des préservatifs. Des habits, des sous-vêtements et l’utilisation de nos douches.
Peu importe si ces femmes veulent s’intégrer à notre système de réinsertion, le plus important est que par ces gestes elles puissent se sentir « elles ».
Nous sommes là pour les appuyer, leur donner des conseils, toute l’aide qu’elles jugeront nécessaire.
Nous voulons qu’aucune femme n’ait peur, n’ait pas honte et surtout ne reste pas seule avec ses problèmes à un moment si difficile de sa vie, nous dit encore Daria.

Une aide constante
En août, à Moscou, Maria a été l’une des personnes que nous avons soutenues.
Nos travailleurs sociaux ont mené 365 consultations en face-à-face auprès de 215 personnes. L’avocat a conseillé 21 personnes à 26 reprises. La psychologue a réalisé 5 consultations pour 2 personnes, le psychologue bénévole a consulté 2 fois 1 personne et le groupe psychologique s’est réuni 8 fois.
De plus, 831 personnes ont reçu 2’544 dîners chauds du Bus de Nuit. 243 personnes se sont douchées 641 fois. 208 personnes ont lavé et séché leurs vêtements 358 fois. Les bénévoles du point de distribution ont fourni 1’412 ensembles de vêtements à 281 personnes. 1’908 kits d’hygiène ont été reçus par 267 personnes. Nous avons donné aussi des béquilles à 2 personnes et 4 ont reçu une canne.

Notre tâche est immense, aidez-nous à sauver des vies.

Important : malgré les embûches du boycott, nous arrivons toujours à transférer votre appui financier.

 

 

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