Très et trop nombreux sont les enfants de sans-papiers pour qui, en Russie, l’école buissonnière est obligatoire.
Ce premier septembre, jour officielle de la rentrée scolaire en ce pays, est un moment festif pour bien des familles et leurs rejetons.
Les écoliers sont vêtus de beaux uniformes, tandis que les fleurs et ballons sont partout. Tradition et fierté s’expriment par le port de rubans blancs, qui, en Russie, sont le symbole de la vie scolaire.
La constitution détournée
Ce tableau idyllique n’est pas pour toutes et tous.
Malgré ce que stipule la loi russe du 10.07.1992 No 3266-1 : … “L’accès à l’éducation est sans restriction aucune pour tous les enfants sans tenir compte de la présence ou non de l’enregistrement ou d’autres facteurs ou circonstances” … dans les faits ce n’est pas ainsi.
De plus, les principes de la Convention onusienne des droits de l’enfant, adoptée par la Russie le 20 novembre 1989, sont eux aussi moqués par l’administration russe.
En trompe-l’œil
Si effectivement les textes permettent, théoriquement, à tout enfant de gagner les bancs scolaires, les autorités ont trouvé la parade pour ne pas y inclure les bannis de l’administration, les enfants des sans-papiers sans-abris.
La loi fédérale précise qu’un établissement scolaire peut refuser l’admission d’un élève seulement s’il n’y a plus de places à l’école.
Les enfants enregistrés sur le territoire auquel appartient l’école sont inscrits en premier (du 1er avril au 30 juin de l’année en cours), ce qui implique que leurs parents soient en possession de la Propiska.
Les enfants sans enregistrement sont inscrits à l’école en deuxième lieu (du 6 juillet jusqu’à l’épuisement des places mais pas plus tard que le 5 septembre) et curieusement le plus souvent il n’y a plus aucune place pour eux.
Quant aux enfants des migrants, ils ont encore moins de chance d’entrer dans une classe.
Un fait exprès ?
Depuis de très nombreuses années, Nochlechka lutte contre cette flagrante injustice et le 18 juin 2020, l’ONG obtient que le Ministère de l’éducation de la Fédération de Russie actualise les règles d’admission à l’enseignement préscolaire, stipulant que dès le 18 juin 2020, tous les enfants peuvent aller à l’école.
A ce jour, dans les faits, pour la progéniture des sans-papiers, être inscrite dans une école est synonyme du parcours du combattant, sans aucune garantie de succès.
Une fois encore, on constate qu’entre les promesses faites par l’administration russe et leurs mises en pratique, il y a des mondes de différence.
A se demander si les fonctionnaires, qu’ils soient ministres ou ronds de cuir, pour avoir la paix pour un moment, promettent à Nochlechka monts et merveilles mais en réalité peu, très peu, ne change quant à la discrimination dont font systématiquement l’objet les personnes dépourvues de visibilité administrative.
Qu’à cela ne tienne, nous n’avons jamais baissé les bras, et même si par leur duperie, l’administration freine toute évolution légale et sociale, nous ne nous arrêtons jamais, et parfois, parfois, nous rencontrons certains succès.
A Moscou, à Saint-Pétersbourg, ils sont des dizaines de milliers de sans-papiers sans-abris, nous avons besoin de vous, aidez-nous à leur donner de l’humanité.