Petriv souffre d’une leucémie aigüe. Yulia, sa mère, vend l’appartement pour le soigner. Yulia finit à la rue.
Jusqu’au jour où…
Yulia est née en 1972 à Saint-Pétersbourg. En 1995, ses parents décèdent dans un accident de la route, Yulia hérite de l’appartement, y emménage. Yulia a 30 ans quand elle se marie. Dans ce domicile coquet naissent deux enfants. En l’an 2005, Petriv, puis deux ans plus tard, Martina.
Tout va bien jusqu’en 2022. Petriv se plaint souvent d’être très fatigué. Lorsqu’il se tape contre un meuble l’ecchymose reste longtemps, et puis il y a cette grippe qui ne veut s’en aller. Des examens s’imposent.
Le 4 mars exactement, les médecins diagnostiquent une leucémie aigüe. Pour que Petriv reçoive les meilleurs soins, Yulia décide de vendre l’appartement. Et par conséquence perd sa Propiska.
Son mari, furieux, demande le divorce et s’en va. Yulia seule avec les enfants louent un tout petit appartement pas très loin de l’hôpital. Malgré tous les efforts de la faculté, les multiples prières et suppliques, les cierges allumées, Petriv décède, il a 17 ans.
L’éclatement
Yulia n’a plus de ressource, plus de quoi payer le loyer. Elle envoie Martina aux Pays-Bas chez une vague cousine et se retrouve à la rue.
Commence cette frénétique volonté de survivre, l’impitoyable quotidien des sans-papiers sans-abris. A bout, désespérée, Yulia échoue dans un immense chantier immobilier en banlieue pétersbourgeoise où l’on construit des barres d’immeubles à perte de vue.
Les mauvais traitements
A 53 ans, Yulia cuisine pour toute cette assemblée et en contrepartie reçoit un vague salaire et une piaule où dormir.
Vous savez, j’étais la seule femme au milieu de cet univers masculin, mon quotidien, un enfer comme vous pouvez l’imaginer, raconte Yulia rencontrée au Centre d’Accueil de Nochlechka.
Quelques semaines après mon arrivée, le contre-maître m’appelle, “Yulia on a besoin de bras, dès demain tu bosses sur le chantier.” J’ai voulu protester, sa réponse fut sans appel, “soit tu y vas, soit tu déguerpis.”
Ce fut absolument terrible, presque pire que la rue. De 06h00 à 23h00 je transportais de lourdes charges. Ma paye, une obole à peine 500 roubles, (5 CHF). Les ouvriers eux touchaient sept fois plus. J’ai vraiment hésité à m’enfuir mais le fait d’avoir un toit et quelque chose à manger m’a retenue longtemps. Enfin de compte ce fut une pneumonie qui m’a libérée.
Le chantier m’a expédiée à l’hôpital.
Les femmes premières victimes
Le cas de Yulia n’est pas isolé, nous vous en avons parlé. Les femmes sans-papiers sans-abris sont sujettes à nettement plus de mauvais traitements que les hommes.
93% de ces femmes ont subi des agressions sexistes, nous rappelle Andreï Cherekrygin, l’assistant social qui s’occupe de Yulia.
Il n’est pas rare non plus que ces femmes sans-abris, les hommes sans-abris aussi, acceptent n’importe quoi pourvu qu’il y ait un toit et à manger. On en profite pour les exploiter, les malmener.
Recommencer
C’est l’hôpital qui nous a appelés, explique encore Andreï Cherekrygin. Une fois Yulia remise sur pied, nous l’avons hébergée, aidée à retrouver ses papiers d’identités, puis un travail. Yulia a aussi pu localiser sa fille, lui parler.
Aujourd’hui, Yulia espère pouvoir trouver un logement et renaître.
Nous faisons tout pour leur venir en aide. Notre tâche est immense, soutenez-nous pour qu’ils retrouvent espoir.
Important, malgré le boycott bancaire, notre aide financière se poursuit.