Irina, 45 ans

Un jour, ivre, mon mari a violemment frappé notre fils Maxim, six ans. Aucune mère ne le tolérerait, je suis partie avec mon enfant et nous avons tout perdu.
Perdu mon identité administrative, perdu mon travail, perdu mes droits parentaux, perdu mon fils.

J’ai perdu tous mes droits
Irina nous raconte : Tout a commencé à la mort de ma belle-mère. Le père de Maxim, a perdu la boule, il s’est mis à boire. Avant nous étions une famille sans histoire.
En le quittant, en laissant l’appartement, j’ai perdu tous mes droits.
Très vite, sans même m’en informer, le père de Maxim a demandé le divorce, j’ai reçu la décision par courrier chez une amie qui nous a hébergés quelque temps.
Face à cette situation critique, Maxim a été placé à l’orphelinat. Il y a sept ans de cela.
Je n’ai pas le droit de le voir car je n’ai pas ma Propiska.
C’est ainsi en Russie comme je n’ai pas de logement je n’ai plus aucun droit.

La proie des margoulins
Vous vous demandez pourquoi Maxim n’a pas été placé chez son père ? Et bien le père a prétexté qu’il était handicapé, que sa chambre était petite, qu’il n’avait nulle part où emmener l’enfant. C’est faux, ils ne sont même pas venus vérifier. Ce fut donc l’orphelinat pour Maxim poursuit Irina.
Pour essayer d’en sortir j’ai travaillé au noir dans une usine de porcelaine, huit heures debout, dans une terrible poussière pour un salaire de misère, je louais une minuscule piaule où tout devait être payé avec deux mois d’avance. Evidemment le sans papier est la proie des margoulins
La poussière inhalée a provoqué une bronchite chronique. J’en souffre encore. J’ai dû arrêter et le logeur m’a mise à la porte.
Par grande chance, juste à temps, j’ai entendu parler de Nochlechka, juste avant de terminer à la rue.

Un système inique
L’histoire d’Irina illustre bien l’absurdité à laquelle sont confrontés des centaines de milliers de citoyens russes qui, pour une raison ou une autre, perdent leur enregistrement administratif, la fameuse Propiska.
Irina nous l’avons rencontrée à Nochlechka où elle a trouvé refuge et où elle attend avec beaucoup d’espoir que les juristes de l’association lui permettent de retrouver son identité. Irma nous raconte son calvaire d’une voix distante, monocorde, comme étrangère à ce qui lui arrive.

Aujourd’hui, conclut-elle, il y a exactement quatre mois que je vis à Nochlechka. Quand j’aurai à nouveau une identité il faudra que je trouve aussi un travail et un appartement. Seulement à ce moment-là je pourrai commencer à entreprendre les démarches pour retrouver mes droits parentaux, retrouver Maxim.

Soutenez Nochlechka, ses actions, vous sauvez des vies.

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