Ils l’appellent Ponchik

Pourquoi ? Je n’en suis pas sûr ? Ces compagnons de déroute le surnomment ainsi. Il est vrai que ce jeune homme et son embonpoint rappelle celui des beignets, (пончик-ponchik en russe). Ou peut-être, tout simplement, qu’il aime juste ces friandises se demande Nastya, l’infirmière bénévole croisée lors de la maraude du Bus de Nuit.

Dehors il fait froid
Chaussé d’après-ski noirs, usés, engoncé dans une veste chaude, un jean bien élimé, Ponchik grelotte, un sac à dos noir rapiécé sur les épaules.
Assis sur le siège du bus, en face de moi, Ponchik, la trentaine bien sonnée, se plaint de toux, son nez coule, une faible fièvre l’habite.
Il raconte : Avec trois autres sans-abris, nous vivons dans une petite datcha abandonnée, pas très loin du chemin de fer. Il y gèle. Pas de vitre, les rafales de vent balayent tout à l’intérieur. Il y a des rats. Nous avons un chat pour les attraper, les rats. Il y en a un, quand même, qui a réussi ä ronger un trou dans mon sac à dos, il y avait des saucisses, j’avais oublié de les retirer, Ponchik éclate de rire.

La tuberculose, le sida
Il faut que je vous dise Madame l’infirmière, j’ai le VIH doublé d’une forme ouverte de tuberculose et un virus.
Depuis quand ?
L’année dernière.
Avez-vous déjà reçu de l’ART (traitements antirétroviraux) ? Êtes-vous inscrit au centre sida ?
Non, non, je n’ai aucun document maintenant.
Avez-vous un téléphone ?
Oui mais pas de carte SIM.
Vous comprenez que sans traitement, c’est une mort certaine, très rapide.
Je vois.
Si les assistants sociaux vous aident, vous prennent en charge, vous organisent un rendez-vous hospitalier, au centre sida, acceptez-vous une telle aide ?
Oui, bien sûr.
Où puis-je vous trouver ?
Je viens ici, parfois, pas tous les vendredis, mais je viens.

Les sans-abris perdent la notion du temps nous explique Nastya, s’il ne vient pas au point d’alimentation vendredi prochain, il y aura une autre semaine de perdue, un temps précieux, important, qu’il faut investir maintenant dans la lutte contre les infections mortelles.

Sans papier, pas de soin ou presque
La nuit est totale, froide, seule l’éclairage du véhicule illumine Nastya, assise sur le marchepied du bus. Elle appelle le Fond d’action humanitaire afin d’organiser cette visite médicale.
Il faut aussi régler cette absence d’identité. Pas une mince affaire en Russie.
Le Fond a donné son accord et peut organiser le rendez-vous médical dans un dispensaire, puis pour la tuberculose se rendre à l’hôpital Botkin, le seul à ne pas se préoccuper des papiers d’un malade nous dit Nastya.
J’espère que tout va bien fonctionner ajoute-t-elle, car si cette personne n’est pas aidée en ce moment, elle mourra très bientôt dans une datcha en ruine côtoyant une ligne ferroviaire.
Mais pour l’instant, nous ne pouvons qu’attendre vendredi prochain.

Notre tâche est immense, aidez-nous à sauver des vies

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