Fakirs malgré eux

Aujourd’hui dans le centre de Moscou, des grilles à pointes ont été installées sur les puits de ventilation du métro, et malgré cela, malgré la douleur, des hommes, des femmes, dorment encore dessus, tant ils n’ont aucun lieu où se réchauffer.

Avec ces piques acérées, ces caillassasse bétonnées sous les ponts, ces bancs inhospitaliers, le mobilier urbain russe déplie sa fantaisie sadique afin que les sans-papiers sans-abris ne puissent s’y reposer.

Inhumain
Daria Baybakova, directrice de Nochlechka Moscou, a de la peine à contenir son indignation face à cette architecture hostile.
Au lieu de procurer aux sans-logis un abri, tout spécialement en hiver, ne voilà-t-il pas que les autorités de Moscou se lance dans un design agressif qui, selon eux, se veut une amélioration esthétique du paysage urbain mais qui, en réalité, à comme unique but de chasser les sans-abris, de les empêcher de camper nous dit-elle.
Quel manque total de respect de l’humain souligne Daria courroucée.

Un peu de jugeotte
Si on veut que les sans-abris du centre-ville ne dorment pas dans la rue en hiver, et j’en ai vraiment, vraiment envie aussi, poursuit Daria, il faut ouvrir des abris chauffés, les portes des églises, des gymnases des stations de métro, comme quelques villes européennes le font en période hivernal.
Ce n’est qu’en proposant à toutes ces personnes, contraintes de survivre dans la rue, un nombre suffisant de places pour dormir en intérieur, qu’on pourra leur demander de ne pas somnoler sur les grilles des puits de ventilation, dans les entrées d’immeubles ou sur les bancs publics.

Indifférence sociale
A Moscou, poursuit Daria, pour les multiples dizaines de milliers de sans-papiers sans-abris, moins de 250 places sont offertes par l’administration, et encore il faut posséder son enregistrement administratif pour y accéder.
Pas de papier, pas de refuge, pas d’opportunité pour une personne de sauver sa vie et de ne pas mourir congelée dans la rue.
Si les gens dorment sur des bancs, dans les entrées d’habitation, près des canalisations de chauffage et dans les gares, ce n’est nullement à cause de leur douceur de vivre, mais bien parce qu’ils n’ont nulle part où aller constate, justement, Daria.
Une évidence n’est-ce pas ?
Les administrations responsables le savent fort bien, cependant le sort des sans-abris leur est totalement égal, pourvu que l’on puisse effacer leur présence synonyme de la faillite des institutions sociales de notre pays.
Il va sans dire que leur politique cynique n’’aide en aucun cas à éradiquer le sans-abrisme.

Un pis-aller
A Saint-Pétersbourg la situation n’est guère plus enviable tant bien même que Nochlechka, depuis plus de 16 ans, plante chaque hiver deux à trois Tentes de la Survie.
En effet, dès le 17 octobre, deux tentes chauffées ont été installées, pour quatre mois. Elles abritent chacune, une cinquantaine de personnes, offrent, chaque nuit, un refuge sûr, un repas chaud, des habits adéquats au climat et des soins de premières urgences.
Hélas, face aux plus de 60’000 sans-abris de la ville, les actions de Nochlechka pour leur venir en aide ne suffisent pas.
Si l’hiver dernier, nous avons abrité 720 personnes explique Anya Malinina, coordinatrice des Tentes, 857 personnes sans-abris sont mortes de froid.
Quelle disgrâce.

Nous aimerions en faire tellement plus, mais nous sommes toujours à la limite de nos moyens financiers.
Aidez-nous à les aider tout au long de la saison hivernale.
Sauvons des vies.

 

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