En route

La porte du Bus de Nuit claque, en route enjoint le chauffeur, Kostya Fomichev.
La trentaine de sans-papiers sans-abris s’éloignent lentement, ramassent à contrecœur leurs sacs à dos, leurs rares appartenances. Ils marchent dans l’obscurité, se dissolvent dans la nuit.

A la dérive
Laissant derrière nous la station de train de Ligovo, l’un des arrêts du Bus, nous quittons ces personnes qui, le temps d’un trop court instant, sont venus chercher nourriture chaude, réconfort et soins de première nécessité.
Le chemin boueux aux ornières d’une profondeur étonnante transforme le véhicule en une barque de sauvetage malmenée par la houle terrestre.
Raisonnent encore à nos oreilles les commentaires de Leonid : “toute la journée, j’ai erré à la recherche d’un rien pour mon estomac, sans résultat, aucun. Cela fait un bien fou de vous trouver.
Je ne sais pas ce que nous deviendrions sans vous.”

Tellement de malheureux
Comme le constate Kostya, “nous ne savons rien d’eux, ou si peu, sauf qu’ils ont faim, qu’ils sont à la dérive.
En plus de la nourriture chaude, nous leur distribuons du gel hydroalcoolique et des masques. Chacune, chacun, en fait provision. Pour eux, pour les copines, les copains, qui n’ont pu se déplacer.”
Kostya ajoute: “les sans-abris sont de plus en plus nombreux, la crise économique, sociale, épidémique en sont la cause.”
Au mois de mars nous avons distribué 2’159 repas.

Des conditions mortifères
A l’approche de l’arrêt Primorskaya, loin de tout, battant le pavé sous un pluie fine, une bonne quinzaine de sans-abris nous attendent. Le thermomètre affiche un minuscule deux degrés,
“On a beau être né ici ajoute Kostya, connaître le froid, l’humidité, la rudesse du climat pétersbourgeois, cela n’a bien évidemment rien à voir avec ce qu’endurent les gens de la rue. A chaque fois, je me demande comment ils arrivent à résister.
Ils sont tellement vulnérables à la météo, malnutris, malades souvent, habillés à la va-que-je-te-pousse, ces hommes, ces femmes, ces enfants survivent à grande peine.
Pas étonnant que nous comptions tant de décès.”

Plus que jamais nous avons besoin de votre indispensable soutien.
Notre tâche est immense, aidez-nous à donner plus d’humanité.

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