En cette journée des femmes, force est de constater que mondialement, toujours, les inégalités perdurent, les mauvais traitements restent monnaies courantes.
Pour les citoyennes russes sans-papiers sans logis leur sort est encore plus insupportable, elles cumulent le fait d’être femme et d’être sans-abris. Une double peine qui rend leur quotidien franchement intolérable.
Du réconfort
En ce jour de célébration, Nochlechka essaie, pour le moins, que ce huit mars leur soit un peu moins sombre.
Andreï Chapaev, coordinateur des projets humanitaires nous explique :
Le 8 mars nous permet de recueillir quelques utilités susceptibles d’apporter un peu de bonheur à ces femmes qui n’ont rien.
Nous avons commencé à recevoir des rouges à lèvre, des affaires de toilettes et de soins intimes.
De petites choses sommes toutes mais nous espérons que ces cadeaux leur donneront un léger réconfort.
Nous distribuerons ces présents, au Centre d’Accueil, à la tournée du Bus de Nuit et dans les Tentes de la Survie.
Misérable inégalité
Ces citoyennes russes sans-papiers sans logis doivent doublement galérer si elle veulent se réfugier dans un des rares abris étatiques. Non seulement le droit d’obtenir un lit dans un centre d’aide sociale n’est réservé qu’aux porteurs de documents en règle, entre autre la propiska, mais même en ce cas, très peu d’espaces sont consacrés aux femmes et à leur progéniture. Lire article
Aujourd’hui, le nombre des candidates s’élève à plus de 200 pour un lit.
Déjà en 2009, pour sensibiliser l’administration pétersbourgeoise à ce grave problème social, Nochlechka avait interpellé sous la forme d’une lettre ouverte la gouverneure de Saint- Pétersbourg de l’époque, Mme Valentina Ivanovna Matvienko.
La requête fut examinée par les autorités de la ville et plus précisément par le Comité de la Politique Sociale qui répondit que pour l’instant il n’envisageait pas de créer un centre pour les femmes sans-abris.
Plus que jamais à la rue
Neuf ans plus tard force est de constater que l’indifférence demeure.
Malgré les instances de l’ONG, malgré diverses lettres de recommandation signées et envoyées par le Comité de la Politique Sociale aux centres d’arrondissement du service social et aux maisons de nuit, rien n’a changé.
Aucune mesure n’a été prise, aucune augmentation du nombre de lits n’a été enregistrée.
En 2018 les citoyennes sans-papiers sans-abris restent mises de côté et plus que jamais à la rue.
En Russie, le terme ‘féministe’ est souvent employé comme une insulte
Les droits de la femme en ce pays restent bien théoriques, les victimes d’harcèlements, d’abus sexuels, de viols sont en général vues comme les coupables.
En général, les problématiques liées aux droits des femmes sont quasi inexistantes du débat public. Pire, dans le contexte de crise économique que traverse actuellement le pays, la situation des femmes a tendance à régresser
Force est de constater qu’en Russie aussi, les femmes, avec ou sans abris, ne sont pas à la fête.
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