En ces temps de Corona, il y a des bonnes nouvelles chez les sans-papiers.
Maksimych, médecin de la brigade Charity Hospital, le sourire aux lèvres, nous raconte comment Anastasia a été sauvée.
Le visage tuméfié
Anastasia est arrivée aux urgences en tristes conditions. Cet enfant sur le point de naître, était coincé dans l’utérus souffrant d’une déficience d’oxygénation extrême.
Sauvée extrémis, Anastasia a vu sa température abaissée volontairement à 34 degrés pendant trois jours.
L’aspect du petit visage était effrayant, comme s’il avait été frappé par une brique, pas autrement se remémore ému Maksimych.
Un moment inespéré
Pendant deux semaines les signaux vitaux d’Anastasia sont très, très faibles. Pas de mouvement de son petit corps envahi par des sondes, rien du tout. L’EEG, Electroencéphalogramme, détecte une activité, mais l’amplitude est minime.
Quand un soir j’entend la voix de Masha, l’infirmière, toute excitée crier au fond du couloir : “Anastasia a repris connaissance”.
Imaginez notre émotion, nous avions déjà expliqué à la maman, une sans-papier, le peu de chance de survie de son enfant, son état végétatif et là, quand personne ne s’y attend, Anastasia ouvre les yeux, nous regarde. Elle est revenue, ainsi, à la vie. Ses mouvements sont là, spontanés, comme si de rien n’avait été.
Nous l’avons gardée quelques jours sous ventilation, puis Anastasia a été extubée, transférée à la nurserie de notre hôpital et quelques temps plus tard là voilà partie chez elle, sans aucun problème neurologique.
La mère d’Anastasia malgré l’absence de Propiska, de papiers d’identité en règle, loue une chambre et travaille au noir permettant ainsi un accueil, même précaire, de la petite Anastasia.
Un sourire derrière le masque
Je dois reconnaître que malgré cet intense moment émotionnel je l’avais un peu oubliée poursuit Maksimych. Avec les vas-et-viens frénétiques des cas de covid-19, nous sommes axés sur le pur présent.
Mardi, j’étais dehors devant l’entrée de l’hôpital à fumer une cigarette, histoire de se détendre quand une femme, masquée, poussant un landau s’approche.
Elle veut me prendre dans ses bras, je la retiens, n’y comprenant rien. Elle quitte son masque, je la reconnais, c’est la maman d’Anastasia. Et dans la poussette, une magnifique enfant, visiblement en pleine forme.
Appel pressant
Un instant de grâce dans l’enfer que nous vivons en ce moment ajoute Maksimych, j’en profite d’ailleurs pour lancer un appel : nous avons un grand besoin en matériel, des masques, des blouses, des lunettes, des gants, du désinfectant.
Notre tâche est immense, le virus redoutable.
Plus que jamais nous avons besoin de votre indispensable soutien.