Bien du monde ce matin dans la salle d’attente du Centre d’Accueil de Nochlechka à Moscou.
Le froid doit y être pour quelque choses. Ces femmes, ces hommes, trouvent refuge chez nous. Mais pas que, explique le travailleur social, Andrei Chekrygin.
Chacun son tour.
Le no C-71 vient d’être tiré de la machine à ticket. Chez Nochlechka aussi il y a ce distributeur qui évite les énervements, les mangeurs de file d’attente, les conflits.
Cela fait déjà quelques mois que nous l’avons installé.
Tout ce monde dégage une sacrée chaleur humide, quelle moiteur dans cette salle d’attente. Sur leurs genoux, d’épaisses vestes élimées, des chapkas, des gants éllimés.
Les sans-papiers sans-abris patiemment attendent leur tour, qui pour voir un avocat, une assistance sociale, une médecin bénévole ou encore pour aller se doucher et laver leurs habits.
Ils se servent un café, bouquinent ou encore regardent la TV, papotent entre eux, l’ambiance est gaie, bruyante.
Oui, bien du monde ce matin.
Nikolaï 77 ans
C-71 porte un pullover trop ample à la teinte incertaine, ponctué de trous d’où on aperçoit une chemise en flanelle à la couleur verte décolorée par la sueur et le temps.
Nikolaï est cardiaque. Sa situation critique demande des soins spécifiques. Ce sont les avocats de Nochlechka qui vont essayer de les lui obtenir.
Car sans papiers…
Et c’est d’autant plus urgent que le froid ambiant est des plus nocif pour les problèmes cardiaques.
Nikolaï, yeux bleus, cheveux gris effilochés, raconte qu’il vient de la région de Pskov.
Mon appartement a été incendié. Tous mes papiers d’identité ont brulé. Mes proches n’ont pas voulu prendre soin de moi. Je me suis retrouvé à Moscou, dans la rue. Maintenant c’est ce terrible hiver. J’ai déjà eux deux crises cardiaques, c’est pour cela que j’ai vraiment de la peine à marcher. J’aimerais avoir un tensiomètre pour essayer de les prévenir. Mais dans la rue… et de toutes les façons sans un kopeck et même avec de l’argent, aucune pharmacie m’en vendra un.
Dans l’attente de soins
Andrei Chekrygin lui propose de venir s’installer dans la résidence temporaire. Cela sera plus facile de contrôler son état de santé en attendant que l’on puisse lui procurer un rendez-vous chez un cardiologue.
Nous allons lui procurer aussi une canne afin que Nikolaï puisse mieux se mouvoir, des habits propres et moins usés que ceux qu’il porte ce matin et enfin une bonne douche de quoi le requinquer, ajoute Andrei Chekrygin.
Pourquoi la rue ?
C’est toujours la même question que l’on se pose, comment est-il possible que des personnes, âgées ou pas, malades ou pas, doivent subir les affres de l’hiver, doivent survivre dans des conditions déplorables.
Pourquoi n’ont-ils pas accès à des refuges où ils seraient pris en mains par les services sociaux de l’Etat ?
Nos hôtes demandent beaucoup d’attention et nous sommes fiers de pouvoir leur offrir la possibilité de s’en sortir, même si nous sommes très retreints quant à la place, 12 personnes maximum, et par nos finances.
Nous sommes les seuls à Moscou à accueillir les sans-papiers sans-abris, leur proposer un lieu, conclut Andrei Chekrygin.
Notre tâche est immense, aidez-nous à sauver des vies, en plus l’hiver est là.
Important : malgré les embûches du boycott, nous arrivons toujours à transférer votre appui financier.