Alexeï, paumé

En moins de temps qu’il faut pour le réaliser, je me suis retrouvé à survivre dans la rue. Cela ne m’était jamais arrivé, j’étais totalement désemparé.

L’habituelle arnaque
Alexeï, la cinquantaine bien frappée, est arrivé à Moscou au début juillet. Il avait quitté sa Biélorussie natale à la recherche d’un travail pas trop mal rénuméré afin d’aider sa mère âgée.
Employé au noir sur un chantier, après une semaine, Alexeï est mis à la porte sans recevoir un quelconque salaire.
Des Alexeï, on en compte des milliers à être ainsi grugés par des patrons cyniques profitant du statut du sans-papier.
En effet, Alexeï, du fait de son émigration de Biélorussie, de son travail au noir, de son absence de logement officiel, n’a pas de Propiska. Et sans ce sésame administratif, il n’est rien, n’existe pas pour l’Etat russe. Donc Alexeï n’a aucun droit et ne peut se défendre.

Manger quoi qu’il en coûte
Ma première nuit, je l’ai passée à la gare de Belorussky, raconte Alexeï, cela n’a pas tardé, je me suis fait voler mon sac à dos, et me voilà sans rien et l’estomac bien creux. A l’aube j’ai commencé à faire les poubelles de la gare. Je n’étais pas le seul à chercher ainsi son petit déjeuner. On se bouscule, s’invective, pour récupérer quelques restes de nourriture, mais sans faire trop de chambard pour ne pas ameuter les vigiles.
La dure survie de la rue s’apprend sur le tas et vaut mieux que cet apprentissage soit rapide si l’on ne veut pas crever.
C’est rude, vraiment. Il ne faut pas hésiter à faire parler ses poings. Important aussi avoir quelques compagnons, si possible des vieux de la vielle de la rue, ils connaissent tous les trucs, vous aident à vous protéger des multiples dangers qui entourent le sans-abri, raconte encore Alexeï.

Secourir
C’est fin août qu’Alexeï à rejoint Nochlechka, nous explique Zenya, notre travailleuse sociale.
Il avait été repéré par notre Bus de Nuit, Rue Fryazevskaya. Alexeï, comme des centaines d’autres sans-papiers sans-abris avaient entendu parler de nos distributions de nourriture chaude, de premiers soins, de soutien moral via nos maraudes quotidiennes.
Lors de sa venue à notre Centre d’Accueil, Alexeï nous a confessé d’être très déçu des gens et de la grande ville.
En discutant de sa situation, nous lui avons expliqué que la meilleure solution était qu’il retourne chez lui. Au début, Alexeï n’était guère enchanté, il aurait aimé que nous lui procurions une identité et de quoi redémarrer à Moscou, toujours dans le but de gagner de l’argent pour sa maman.

Alexeï a fini pas réaliser que ce rêve serait bien compliqué à réaliser, simplement obtenir une Propiska lui aurait pris des semaines, sans même être certain de la recevoir.
Nous lui avons acheté un billet de train pour Biaroza, sa ville, et nous lui avons fourni un petit pécule.
Quelques quinze jours plus tard, Alexeï nous a écrit, nous remerciant mille fois, nous informant qu’il avait trouvé un travail officiel, conclut Zenya.

Un cas parmi bien d’autres
Alexeï fait partie de celles et ceux que nous avons aidés en août. Rien que ce mois d’août 2023, à Moscou, notre Bus de Nuit a distribué 2’544 repas à 831 personnes. Nos services sociaux ont aidé près de 459 personnes et 102 ont vu notre avocat. Lire les résultats mensuels.

Notre tâche est immense, aidez-nous à sauver des vies.

Important : malgré les embûches du boycott, nous arrivons toujours à transférer votre appui financier.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site est protégé par reCAPTCHA et le GooglePolitique de confidentialité etConditions d'utilisation appliquer.