A l’écoute

Aucun doute cela soulage, s’exclame Pavlov, un sans-abri qui assiste pour la première fois au soutien psychologique, récemment mis sur pied par Nochlechka.

Comprendre pour les aider
Daria Baibakova, la directrice de Moscou, explique la démarche.
Dans un premier temps, nos collègues ont interrogé nos sans-papiers sans-abris. Ils leur ont demandé quelles étaient leurs principales difficultés. Ils ont cité l’injustice, le manque de solidarité et la solitude.
Fort de ce constat, et afin de faciliter leur réinsertion, nous avons réfléchit à ce que nous pourrions faire pour les soutenir, ajoute Daria.

Emmurer dans sa solitude
Vous savez, nous dit Anton, psychologue, les problèmes que rencontre une personne survivant dans la rue sont évidemment multiples. Cette personne, face à un tel défi, a évidemment énormément de peine à tous les juguler.
Avant tout, ce qui lui importe est le manger et le dormir. Devant ces vitales priorités, l’aspect psychologique est carrément mis de côté. C’est tout à fait compréhensible mais malheureux, car ces troubles ne vont aller qu’en augmentant, péjorant de plus en plus la santé mentale du sans-abri, sa survie même.
Face à ce profond mal-être, le sans-abri se sent totalement désarmé. Car à qui en parler ? A ces compagnons d’infortune ? Certainement pas, eux aussi emmurer dans leur urgence de survivre, ils n’ont pas l’énergie de se préoccuper de la psychologie d’autrui, souligne Anton.

Parler pour exister
Le groupe de soutien psychologique part du principe inverse : créer un espace de totale ouverture, de soutien, d’acceptation et de respect pour chacun, sans jugement, ni stéréotypes, explique encore Daria Baibakova.
Les sans-papiers sans-abris ayant déjà participé aux premières rencontres se disent heureux de pouvoir enfin s’exprimer, de constater qu’ils ne sont pas seuls face à leurs sentiments, à leurs difficultés, et que d’autres peuvent se retrouver dans des situations tout aussi pénibles, voir pires.
C’est vrai, s’exclame Pavlov, le fait d’exprimer que nous sommes nombreux à expérimenter cette souffrance psychique l’atténue un peu, juste un petit peu, mais c’est déjà beaucoup. De pouvoir parler de cela entre nous, on se sent moins seul dans son mal-être.
Vous savez, j’ai été profondément touché par le fait que tant de personnes comparent ma situation à la leur. C’est vraiment important. En tous les cas, je serai là à la prochaine réunion.

Un espace où se sentir mieux
Les rencontres sont animées par Anton et Lena, assistante sociale. Lors de la dernière réunion, les sans-abris ont confié ressentir souvent de la rancune face à leur situation de sans-abrisme. Savoir ce qui déclenche précisément cette amertume les a fait réfléchir. Il s’avère qu’ils éprouvent, le plus souvent, du ressentiment envers l’indifférence des autres, en particulier envers les personnes dont le travail consisterait à les aider.
Lena espère que ce groupe deviendra non seulement un espace sûr où le sans-abri se sentira à l’aise, où il saura qu’il est accueilli sans jugement, qu’il y rencontrera des personnes attentionnées, à son écoute.
Daria conclut par cet appel : Je sais que nos sans-abris lisent parfois mes publications. Si vous avez besoin de soutien, si vous souhaitez partager votre expérience ou simplement être écouté, n’hésitez pas à venir. Vous êtes chez vous.
Les réunions du groupe d’appui psychologique pour les personnes sans domicile fixe vivant dans la rue ont lieu toutes les deux semaines à 17h00 à Nochlezhka Moscou Bumazhny Proezd 2/2, bâtiment 6.

Nous faisons tout pour leur venir en aide. Notre tâche est immense, soutenez-nous pour qu’ils retrouvent espoir.

Important : malgré les embuches du boycott, nous arrivons toujours à transférer votre appui financier.

 

 

 

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