Hier soir, à Saint-Pétersbourg, c’était la fête ! Un véritable festin pour l’âme, s’exclame Andreï Chapaev, responsable des actions humanitaires chez Nochlechka.
Il est là, oui, notre tout nouveau Bus de Nuit est là, celui pour lequel nous avons collecté des fonds il y a neuf mois. Ce soir, place à son voyage inaugural. En voiture, s’écrie Andreï.
Une équipe de choc
Pour cette première tournée nocturne, les bénévoles s’appellent, Andreï Chapaev mué en chauffeur, Danil Kramorov, le directeur de Nochlechka, chargé de la distribution de la nourriture, Oleg, notre chauffeur habituel, préposé, ce soir, aux ravitaillements.
En effet, nous ne sommes que trois, explique Andreï. Pour cette première nous voulions être entre nous, vérifier que tout fonctionne, noter les imperfections. On y arrivera, dit-il en riant, et puis Noël approche à grands pas, que dire de plus ?
Test grandeur nature
Comme voulant elle aussi participer à cette inauguration, la neige est de la partie. Idéal pour le nouveau véhicule de tester ses réactions dans des artères glissantes, un trafic poussif, une visibilité réduite.
Dans l’habitacle, l’excitation est à son comble. “Tu as vu comme cette banquette est confortable, bien plus de place qu’avant. Et puis la stéréo est impeccable, cela nous permettra de patienter dans les bouchons.”
A l’heure de la distribution de nourriture, Andreï, le concepteur de l’aménagement du véhicule, est des plus attentifs aux remarques de ses camarades. Il prend des notes afin d’améliorer ce qui peut l’être encore.
Des phares dans la nuit
Dans l’impasse de la ruelle Agatov, pas très loin du centre de tri ferroviaire V.N. Morozov, attendent une vingtaine de personnes. Le chemin d’accès est difficile, il y a bien trente centimètres de neige fraîche.
Le vent souffle, les sans-papiers sans-abris se serrent les uns contre les autres pour se réchauffer, ce soir le thermomètre marque moins 11°.
Quelle soulagement d’enfin revoir le Bus, ses lumières nous réchauffent déjà, s’exclame Victor, un habitué. Voilà plusieurs mois que nous l’attendions. Sans lui, la distribution de nourriture n’était pas pareille.
Une très longue attente
Effectivement, notre petite Renault ne peut évidemment le remplacer, explique Andreï, toujours un grand sourire aux lèvres. Impossible d’y mettre autant de nourriture, de bénévoles aussi. Ce fut un bouche-trou, pour qu’au moins nos sans-abris ne souffrent encore plus de la faim.
C’est que jamais nous pensions que la parenthèse Sans Bus de Nuit serait si étirée. Au mois de mars, notre ancien Bus a rendu définitivement l’âme après plus de 150’000 kilomètres parcourus, 7 ans sur la route, par tous les temps. Début avril, nous nous portions acquéreur d’un Ford Transit 2023 neuf. Et depuis, nous avons dû attendre, attendre et attendre que le véhicule soit mis en conformité. Une épreuve pour nous mais surtout pour les centaines de personnes que nous secourons chaque nuit.
C’est reparti pour un tour
Il était grand temps que nous puissions reprendre nos tournées nocturnes avec le Bus, poursuit Andreï. Avec lui, nous pouvons affronter l’hiver, prodiguer des soins de première urgence, faciliter la survie de tous ces hommes, de toutes ces femmes.
N’oublions pas, conclut Andreï Chapaev, à Saint-Pétersbourg, en plus des milliers de sans-papiers sans-abris, d’autres milliers de personnes vivent sous le seuil de pauvreté. Des retraités célibataires à faibles revenus, des chômeurs temporaires et des familles nombreuses. Nous estimons inacceptable que des gens souffrent de la faim dans notre ville.
Par mois, en moyenne, le Bus de Nuit distribue plus de 300 de plats chauds et secourt des centaines de personnes. Offrez des repas chauds. 500 roubles soit 5,10 CHF par personne. Vous sauvez des vies.
Important, malgré le boycott bancaire, notre aide financière se poursuit.