
Multiples sont les causes du sans-abrisme, explique Daria Baibakova, la directrice de Nochlechka Moscou.
Cependant une caractéristique les réunit, la perte de la Propiska. Nous ne le répéterons jamais assez, sans ce sésame, en Russie, vous n’avez aucune existence administrative et vous vous retrouvez à la rue.
Des causes à effet
Il est important de comprendre que le sans-abrisme est, régulièrement, l’expression ultime de la pauvreté, souligne Daria Baibakova. Il est probable que les pauvres d’aujourd’hui sont les sans-abris de demain.
Mais pas seulement. Votre situation sociale, familiale, peut aussi vous conduire à la rue, il en va de même pour les victimes d’arnaque. Et bien d’autres encore.
Un miroir déformant
Pour Daria Baibakova, les sans-abris sont l’une des catégories de personnes les plus stigmatisées en Russie, à la même hauteur que les internés psychiatriques, les séropositifs.
Depuis 35 ans que nous menons ce combat, poursuit Daria, on peut le dire : aider les sans-abris est plus difficile du fait de cette stigmatisation.
La pauvreté étalée aux yeux de tous effraie. Elle nous rappelle, que nous aussi, nous pourrions en être là.
Le sans-abri est avant une victime administrative. De plus, elle n’appartient pas forcement à une masse sombre et homogène, ajoute Daria Baibakova. Des personnes qui sentent mauvais, qui se promènent vêtues de vêtements sales, souvent en état d’ébriété, il y en a bien sûr, mais pas toutes, loin de de là. Cette personne ne dort pas forcément dans la rue toutes les nuits. Le sans-papier sans-abri ne correspond pas systématiquement à la caricature dont il est affublé.
Aujourd’hui, notre sans-papier sans-abri a déchargé un wagon, il a réuni un quelconque argent et a loué un lit dans un dortoir. Demain, il a lavé les sols quelque part et a payé une chambre dans un foyer. Mais le jour suivant, il n’a plus le sous, il passe la nuit dans une maison abandonnée, ou ailleurs, informe Daria.
Quelques chiffres
14 % des sans-abris ont eu des problèmes familiaux, 13 % ont déménagé à la recherche d’un emploi, 12,5 % ont perdu leur logement, 11% ont perdu leurs documents d’identité, 10,5% ont perdu leur emploi, 5,5 % souffre de dépendance alcoolique ou chimique, 5 % souffrent de maladies et ou de blessures, 4,7 % sont des victimes de fraude, d’extorsion.
Et encore, 3% ont été condamnés à une peine d’emprisonnement, 2,8% ont émigré, 2,5% ont vendu leur logement, 2% sont victimes d’une tromperie de la part de l’employeur, 1,6 % ont eu leur logement incendié ou il est tombé en ruine, 1,5% sont victimes de vol ou de tromperie, 0,9% sortent de l’orphelinat, 0,8% ont subi une migration forcée, 0,8 % ont été expulsés d’un logement social, 0,6 % sont victimes d’une Intervention militaire, 0,6 % d’un conflit de voisinage, 0,3 % de la saisie immobilière pour dettes.
Le total des pourcentages de cette étude dépasse les 100%. En effet, comme nous l’avons écrit, plusieurs causes cumulées peuvent pousser une personne à la rue.
Jamais nous ne baissons les bras
Plus une personne survit dans la rue depuis longtemps, plus ses forces, physiques, mentales, s’amenuisent, plus les handicaps seront grands et plus notre aide sera nécessaire, explique encore Daria Baibakova.
Au fil du temps, des saisons, son énergie pour manger, pour boire, pour dormir, s’épuise.
Grâce à toutes nos actions, à Moscou, à Saint-Pétersbourg, le sans-abri retrouve un quotidien plus conforme. Selon nos statistiques, 60 % des personnes que nous accueillons, ne retournent jamais à la rue.
A Saint-Pétersbourg, à Moscou, des centaines de milliers de sans-abris, tout âge, tout genre confondu, survivent dans des conditions exécrables.
Nous faisons tout pour leur venir en aide. Notre tâche est immense, soutenez-nous à ce qu’ils retrouvent espoir.
Important : malgré les embuches du boycott, nous arrivons toujours à transférer votre appui financier.